77. La fin est proche

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Nous passâmes une semaine ainsi, dans le noir, laissés à nous-mêmes. Comme le chauffage fonctionnait grâce à l'électricité, nous dûmes nous chauffer à grand renfort de chandelles, à défaut d'une cheminée. Malgré tout, je portais des mitaines à l'intérieur et je m'enroulais souvent dans ma couverture. Bertrand construisit un petit abri dans la cour à l'aide de planches de bois et de briques trouvées dans les décombres. Nous l'utilisions comme cuisine, pour cuire ou griller la nourriture et pour bouillir l'eau. À l'horizon, nous pouvions voir les voitures de police patrouiller autour du secteur. Nous étions encerclés. Toute communication avec l'extérieur était impensable. Le jour de l'An, je me réveillai en sursaut. Des bruits de pelleteuses et de bulldozers me parvenaient. J'enfilai mes bottes et mon manteau – Derek n'était déjà plus au lit – et courut dans la direction du vacarme. Des camions étaient en train de ramasser les débris qui obstruaient le principal accès à la ville. Derek les observait du toit d'un immeuble, non loin. Je grimpai le rejoindre.

- La fin survient plus vite que je ne me l'imaginais, me dit-il en guise de bonjour.

Je me blottis contre lui.

- Ensemble. À la vie à la mort. Peu importe ce qui arrive. Pigé?

Il me sourit mais semblait triste malgré tout. Je n'avais rien de plus à dire, donc je ne bougeai pas.

Au bout de cinq minutes, Derek pointa en direction des véhicules agroupés. Une autre voiture se dirigeait vers l'attroupement.

- C'est qui, d'après toi? demandai-je.

- Je ne sais pas, répondit Derek d'une voix à peine audible.

Nous observâmes en silence les gendarmes. Deux d'entre eux se détachèrent du groupe pour accueillir le ou les nouveaux venus. L'arrivée de la voiture semblait les avoir surpris autant que nous. Un policier interrogea le conducteur tandis que son collègue regardait l'intérieur de l'automobile par les vitres. Cela pris plus de dix minutes. Avaient-ils froids? Je me serrai un peu plus sur mon mari. Finalement, quelqu'un sortit de la banquette arrière. L'ombre se dirigeait vers les autres gendarmes... mais les dépassa sans s'arrêter. Elle se dirigeait vers notre ville? Oubliant à quel point j'étais engourdie par le froid, je me redressai brusquement sur mes pieds. Il fallut que la silhouette enjambe le peu de débris qui restait pour que je voie de qui il s'agissait. Pour un cadeau de Nouvel An, c'en était tout un. 

L'EnlèvementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant