54. Réunion habituelle

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Ma fête était terminée, les chocolats aussi. Mon poignet était totalement rétabli alors que le mois d'août était déjà bien entamé.

Les choses avaient changé depuis mon 17e anniversaire. Pour commencer, nous nous préparions déjà à partir. Jacques avait eu vent que beaucoup de chrétiens qui se cachaient un peu partout sur le continent s'apprêtaient à immigrer vers des anciennes villes en grande partie démolies. Un mouvement mondial selon les dires de notre protecteur. Il avait déjà vendu son commerce. Quand on lui demandait les motifs de sa vente, il se contenta de dire qu'il voulait voir ailleurs, réponse que les autorités acceptèrent sans comprendre réellement ce que cela voulait dire. La communauté que nous souhaitions atteindre était située tout de suite après la frontière. La ville dans laquelle les chrétiens s'étaient installés avait presque totalement été démolie par le tremblement de terre. Le grand nombre de survivants se firent escorter par l'armée américaine vers des villes de la côte est américaine. Pendant ce temps, des dignitaires de la Russie et des États-Unis se réunissaient en Suisse, éternel pays neutre (elle réussissait à maintenir ses adversaires dans les Alpes), pour tenter d'établir une entente. Nous nous préparions au pire.

Un soir, après notre réunion habituelle, Jacques nous dit :

- Je vous donne 20 minutes pour finir vos valises. On part ce soir.

- Déjà? On n'a pas l'air suspect à partir aussi tard? demanda Derek.

Jacques hocha les épaules.

- Peu importe à quelle heure nous partons, on ne sera jamais moins suspects que nous le sommes présentement.

Sur ces mots, il descendit, talonné par Bertrand. Derek et moi nous regardâmes, évaluant le danger.

- Bon, on ferait mieux de se dépêcher, marmonnai-je.

- Je ne devrais pas venir avec vous, déclara-t-il brusquement.

- Quoi? Enfin, tu vas venir avec nous, c'est ridicule, pourquoi tu ne viendrais pas?

- Je vais tous vous faire prendre!

- Derek Beauchemin, regarde-moi dans les yeux.

Il le fit.

- Tu vas venir avec nous, d'accord? On ne se fera pas prendre. Tout va bien se passer. Agis ta foi. Mais même s'il advenait que tu te fais attraper, on partirait avec toi. On restera ensemble jusqu'à la fin. Peu importe ce qui arrivera.

Ilhocha la tête. Je me levai pour ranger mes vêtements dans mon sac. Maintenant quej'y repense, je ne crois pas lui avoir spécifié que je parlais de nous quatreet non nous deux. Mais dans les deux cas, j'étais sincère.

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