44. Questions insidieuses

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Je m'installai donc pour l'écouter confortablement. Il me raconta alors comment il avait décidé de m'attendre dehors, intimidé par Jacques et ses questions insidieuses (Derek déclara avoir épié la fin de notre conversation), mais décida de laisser le sac de plastique avec Jacques et de cacher ma Bible, qu'il avait emprunté la veille pour me montrer un passage, à l'intérieur. Il avait aussi la veille insérer quelques billets entre deux pages, au cas où je serais mal prise. J'appris plus tard que Jacques en avait rajouté d'autres pour le généreux total que je trouvai plus tard dans ma Bible.

Donc, alors qu'il m'attendait devant le dépanneur, il entendit une voiture de gendarme arriver. Pris de court, il courut se cacher dans un conteneur de déchets non loin. Derek entendit le bruit du gyrophare se rapprocher puis s'éloigner petit à petit. Il était sauf. Toutefois, comme il savait que d'autres véhicules pourraient suivre, il demeura dans sa cachette pour un moment. Il m'entendit passer avec Jacques dans la ruelle, mais il jugea trop risqué de sortir tout de suite, pensant que j'attendrais aussi un peu avant de partir. M'entendant prendre congé de Jacques et partir au pas de course, il sortit brusquement des poubelles et longea le mur. Il figea quand il entendit le gyrophare des gendarmes se rapprocher de nouveau. Le véhicule, comme je le savais, s'était arrêté à ma hauteur et non la sienne. Derek pouvait distinguer des bribes de la conversation entre le gendarme et moi et croyait réellement qu'il allait me relâcher. Quelle ne fut pas sa surprise d'entendre la voiture redémarrer avec moi comme passagère. Chamboulé, il n'entendit pas Jacques derrière lui. Ce dernier lui proposa de rentrer dans le dépanneur. Une fois à l'intérieur, Jacques lui expliqua qu'il était lui aussi chrétien mais qu'il n'était pas citoyen canadien. Il n'avait donc pas à recevoir le tatouage obligatoire et les autorités le laissaient tranquille. Il proposa à Derek de travailler au dépanneur en échange d'un endroit où dormir, ce que Derek accepta euphorique. Pour ne pas éveiller les soupçons, Derek laissa pousser sa barbe et ses cheveux et adopta un accent français – bien que, je l'appris plus tard aussi, Jacques était Suisse – au travail pour se faire passer comme apparenté à Jacques.

- Donc tu t'es caché ici tout ce temps?

- Oui.

Moiqui le croyais en prison.    

L'EnlèvementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant