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Abel


— Tu n'es pas sérieux ? Combien de jeunes femmes au juste tu penses connaître susceptibles de vouloir m'épouser ?


Je n'en crois pas mes oreilles. Mon père n'abdiquera jamais, pas avant de m'avoir casé. Peu importe la fille, il sera satisfait que lorsque j'aurai fondé une famille. Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter un tel calvaire ?

Vivement qu'on arrive à la maison, j'ai hâte de m'enfermer dans ma chambre et d'oublier cette soirée de merde.


— Tu peux t'en plaindre qu'à toi, mon garçon ! Inès était la femme qu'il te fallait et tu n'as pas su la charmer. Au lieu de ça, tu as tout gâché avec ce ridicule accoutrement !


Parfois, je me demande si mon père a encore tout sa tête... Car il était bien présent quand mademoiselle Martins a fait son speech sur l'amour. Elle ne veut pas d'un mariage arrangé. Elle rêve toujours au prince charmant sur son cheval blanc, même si cela est carrément utopique de nos jours. Ça n'existe pas les fins : Ils se marièrent et vécurent heureux toute leur vie !

Comment certaines filles peuvent encore penser que le grand amour existe ? Ce ne sont que des conneries. L'amour finit toujours par s'éteindre et après il nous reste plus rien, à part nos yeux pour pleurer. Quelle perte de temps ! Quel gâchis !


— Mais Barbara ? Cette femme est complètement cinglée ! Elle ne veut qu'une seule chose m'avoir dans son lit. Non ! Il est hors de question !

— Rien que tu ne veux avec les autres filles !

— Papa !


Je suis dépassé ! Comment peut-il vouloir me marier à cette folle ?


— Tu vois quelqu'un d'autre ? Je te répète, je pense qu'Inès était celle qu'il te fallait...

— Donne moi un mois et je te trouve la femme parfaite pour moi, celle qui te donnera de beaux petits enfants... je tente, car n'importe qu'elle autre créature féminine fera l'affaire à côté de cette schizophrène.

— Tu as eu cinq ans et tu ne m'as présenté aucune femme digne de ce nom ! Barbara sera parfaite ! Elle est belle, intelligente et très dépendante. Tout à fait ce qu'il te faut !


Il est devenu complètement fou ! Comment peut-il trouver Barbara « parfaite pour moi » ? Elle est folle à lier, obsédée par ma personne. Ça fait des années qu'elle me court après comme une sangsue. Je ne peux pas faire un pas sans qu'elle soit là, à croire qu'elle passe son temps à me suivre. C'est affolant !

Il faut vraiment que mon père relise la signification du mot « parfait » dans le dictionnaire, car il n'en est rien concernant cette nymphomane.


— Tu ne peux pas m'obliger à épouser cette folle !

— Si ! Tu n'as pas le choix ! Surtout si tu veux prendre un jour les rênes de l'entreprise...

— C'est une menace ?, je le coupe, interloqué par ce qu'il vient de m'annoncer.


Voilà, qu'il me fait du chantage maintenant ! Mais où va s'arrêter cet enfer de malheur ?


— Abel, c'est pour ton bien ! Tu ne peux pas continuer à te comporter comme un ado de quinze ans, mon garçon !

— C'est ma vie ! Tu ne peux pas me dicter ce que je dois ou pas faire !


Je sens que cette conversation va mal se terminer... Mon paternel n'en démordra pas et moi non plus ! Je préférerais mourir ou d'épouser celle qu'on surnomme la bête, car elle au moins elle a sa tête sur ses épaules, que me marier avec Barbara la cinglée. Rien que d'y penser, j'ai envie de vomir.


— Entendu ! Si c'est ce que tu veux ! Te voici, sans logement et sans travail ! Montre moi que tu n'as pas besoin de moi et que tu n'es plus un adolescent comme je le prétends !


Il me met à la porte ? Il ne peut pas faire ça, je suis son fils et qui plus est son unique enfant.


— Je suis conscient que c'est un peu de ma faute si tu es devenu ainsi. Ta mère et moi, nous t'avons toujours tout donné sur un plateau d'argent. Mais il est grand tant que cela change. Ou tu épouses Barbara, ou tu fais en sorte de devenir l'homme que j'ai toujours voulu que tu deviennes, quelqu'un d'indépendant qui n'a pas besoin de vivre sous la coupelle de son père.


J'hallucine ! Il veut me gâcher la vie par tous les moyens !


— Sergio, veuillez arrêter la voiture !, je demande au chauffeur de stopper le véhicule afin de m'extirper de ce cauchemar.


Si ma décision est prise, j'ai tout de même besoin de m'éloigner de mon géniteur, si je suis bien son fils, car je commence à avoir de sacrés doutes, vu comme il me traite...


— Abel, qu'est-ce que tu fais ?


Je sors de la voiture en pleine voie rapide. C'est inconscient, je sais, mais j'étais en train de suffoquer dans ce minuscule habitacle.

Enfin de l'air !




Publié le jeudi 17 janvier 2019


ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant