ABEL ET LA BÊTE

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Abel

Qu'est-ce que je fais ici ? Pourquoi, je ne me suis pas tenu à ma première idée, de l'attendre à l'extérieur. Non, j'ai voulu faire mon malin et lui montrer que j'étais quelqu'un de bien, une personne que je ne suis pas ! J'ai parfois des réactions absurdes !

Maintenant, je dois supporter le sermon du Prêtre qui dure trois plombes. Il n'a rien d'autre à faire que de parler de la vie des autres ? Chacun est libre de faire ce qu'il lui plaît, sans pour autant avoir peur des conséquences. C'est complètement aberrant de penser que le ciel va nous tomber sur la tête parce qu'on aurait fait quelque chose de mal. Qui, de nos jours, peut croire encore à des âneries pareilles ?

— Je me trompe ou vous n'aimez vraiment pas cet endroit ? m'enlève Inès de mes pensées.

— Je ne suis pas très adepte des sermons ! Pour moi, ce n'est qu'un moyen de faire culpabiliser encore plus les gens...

— Vous n'êtes pas du genre à croire en Dieu ?

Si ! Pourtant... j'y ai cru... peut-être... plus maintenant à vrai dire... quoique ? Il y a sûrement, quelqu'un au-dessus de nous, qui veille soi-disant sur nous, mais je doute sincèrement qu'il veuille mon bonheur.

— Nos vies sont loin d'être parfaites, nous faisons tous des erreurs et tout le monde le sait ! Mais ce n'est pas avec ce genre de discourt, que les personnes, ici présentes, vont se sentir mieux pour autant !

— Et que diriez-vous, si vous étiez à la place de Monsieur le Curé ?

— Déjà, je n'accablerais pas ces pauvres gens ! Ils viennent ici pour avoir du soutien et repartent avec le sentiment qu'ils ont tout fait de travers !

— Ça, c'est votre opinion ! Vous pensez sérieusement que d'aider les autres, ce n'est pas bien ?

Ce n'est pas ce que j'ai dit ! Mais ça le mérite de m'ouvrir encore plus les yeux, sur ce que j'essaye de lui faire entendre. Il n'est pas question d'aider ou non les autres, mais comment cela est exprimé. Et le père Adriano le fait de la mauvaise façon !

— Non ! Pas du tout ! Vous vous trompez ! Tendre la main aux autres est une bonne chose, mais en revanche, vous ne pouvez pas demander à la plupart des gens dans ce lieu, de faire ce qu'ils ne peuvent pas réaliser. Ils n'ont même pas, pour certain, les moyens de manger à leur faim. Et le prête insiste sur le faite qu'ils doivent encore partager le peu qu'ils ont, c'est de l'ordre de l'impossible !

— Vu sur cet angle, je suis de votre avis ! Mais, moi, en revanche, quand je l'entends parler, je ne perçois pas une obligation, mais une recommandation. Tout le monde peut faire du bien autour de lui, il n'est pas nécessaire d'avoir une bonne situation, pour aider une vieille dame à traverser la route, ou bien à porter ses paquets, aider un voisin dans ses travaux... et j'en passe. Bien sûr, qu'on ne peut pas tous envoyer des chèques à des associations, mais on peut tous participer à un monde meilleur. Je pense qu'on est quelqu'un de plus heureux, si on tend la main. Qu'en pensez-vous ?

Elle dit vrai ! Elle voit toujours le bien et non le mal. Mais qu'en est-il de ses pauvres gens, si on ne leur explique pas correctement les choses ?

— Je crois que vous avez entièrement raison, mais personne dans cette église ne réfléchit comme vous. Je suis certain que la plupart se sentent mal de ne pas pouvoir aider, même à leur manière, car personne ne leur a expliqué ou montré comment s'y prendre...