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Abel


Quel déjeuner ennuyeux !

J'ai eu la chance de pouvoir m'éclipser de cette maison de vieux croûtons, dont le seul thème de conversation était la politique du pays. Qu'est-ce que je m'en fous de ceux qui nous gouvernent, du moment qu'ils ne viennent pas me casser les pieds.

J'ai tout bonnement prétexté une urgence pour quitter cet enfer, car sinon, j'y serais encore, en faisant mon sourire d'hypocrite et acquiesçant à tous leurs dires, même si la plupart du temps je n'étais pas d'accord avec leurs propos débiles.

Je me retrouve actuellement, sans savoir pourquoi, devant la paroisse dans laquelle Inès doit s'affairer à aider les autres, si elle est encore là ? Car l'endroit me paraît être désert.

Je sors de mon véhicule, me dirige vers l'entrée et je stoppe dans mon élan. Qu'est-ce que je fiche ici ?

Avant de la revoir, il faut que je trouve une bonne explication à lui fournir pour mon absence de toute à l'heure.

Je suis sur le point de rebrousser chemin jusqu'à ma voiture, lorsqu'une porte s'ouvre sur une Inès très remontée. J'espère que ce n'est pas contre moi...


— Que faites-vous ici ?


Et si ! C'est bien ma veine ! Je savais que s'était une idiotie de me présenter maintenant devant elle, sans une belle excuse plausible.


— Je... je suis... je bégaye cherchant des mots, qui ne viennent pas.


Me revoici, en mode crétin ! Je dois me ressaisir ! Ce n'est pas comme si ma vie en dépendait, à vrai dire un peu, tout de même ! Si je ne parviens pas à la convaincre de me pardonner, je suis mal, même très, très mal. Mon existence en sera bouleversée au point de provoquer ma perte, voire ma mort...

Je ne suis pas dupe, si mon père insiste pour que j'épouse cette saleté de Barbara, je n'ai plus qu'à m'enfermer dans un caveau.


— J'ai pu me libérer plus tôt. Donc, j'ai pensé pouvoir arriver à temps, pour vous aider à nettoyer.


Pas mal pensé n'est-ce pas ? Parfois, j'ai de bonnes idées !


— Vous pensez mal ! Nous avons pu nous débrouillez sans vous ! Le prestigieux Abel Faro n'est pas irremplaçable, que cela vous plaise ou non !


Allez Abel, prends ça dans les dents !

Elle me fixe de son regard afin d'observer ma réaction, mais elle est déçue de constater que je n'en ai pas. Elle se retourne, ferme la porte à double tour puis se dirige vers son auto, ou devrai-je dire une vieille antiquité, car il n'y a pas d'autre mot pour définir une telle épave.


— Vous l'avez emprunté à votre grand-père ?

— Quoi ? me jette t-elle froidement un méchant regard.


Je viens de la froisser, mais ce n'était pas mon intention. Je voulais juste relancer la conversation.


— Votre véhicule date de la guerre de 14-18. C'est impressionnant, qu'il roule encore !

ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant