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Inès (la bête)


Comment j'ai pu accepter une telle chose ? Cet homme ne manque pas de culot ! Il se présente devant moi comme si de rien n'était et m'invite à boire un café. Et moi, comme une imbécile, j'accepte ! Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas bien chez moi, surtout quand je suis en présence de ce rustre de Faro...

C'est décidé ! Après le café qu'il m'a promis, je l'envoie ailleurs, voir si j'y suis ! Je n'ai pas de temps à perdre avec les enfantillages d'un grand gamin de quarante ans.


— On est bientôt arrivé ! m'annonce t-il lorsque je quitte le pont du 25 avril qui surplombe le Tage.


Son café a intérêt à être délicieux. Il ne m'a pas fait traverser tout Lisbonne pour me délecter d'une banale boisson chaude, je l'espère...


— Tournez à gauche et à la prochaine intersection à droite, puis encore à droite, j'exécute ces ordres sans broncher jusqu'au moment où je prends conscience...


Il se fout de moi ! On tourne en rond depuis près de cinq minutes.


— Je peux savoir à quel jeu, vous jouez ? Vous croyez sincèrement que je n'ai rien d'autre à faire de mieux que de supporter vos âneries ? Veuillez quitter mon véhicule ! je lui impose, excédée par son comportement enfantin.

— Non, mais pourquoi ?

— Vous m'avez proposé un café, pas un tour à mes frais de la ville. Vous pensiez que je n'allais pas m'apercevoir de votre petit manège ? Sortez ! Maintenant !

— Nous sommes arrivés ! Je cherche seulement un endroit où vous garez, je ne vois pas ce que j'ai fait de mal ?

— Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? Il y a un parking à cent mètres !

— Je sais ! Je voulais juste vous éviter de marcher.


Pour qui il me prend ? Pour une fille faible, fragile, une incapable... Je ne suis rien de tout ça !


— Ne vous inquiétez pas pour moi ! Je cours dix kilomètres par jour, ce n'est pas cette petite distance qui va me faire peur.

— Excusez-moi, je croyais bien faire !


Je ne suis pas une de ses filles qu'il se tape au quotidien, non, je suis mille fois mieux ! En tout cas, j'essaye de m'en convaincre.


***


Je trouve très facilement une place sur le grand parking, puis à pied, nous nous dirigeons vers l'océan.


— On y est presque, m'informe t-il en me montrant du doigt, la queue devant un établissement.


Ça doit être le seul café ouvert en ce dimanche dans ce quartier, car plus on avance et plus la file s'agrandit.


— Il y a toujours un peu d'attente mais cela vaut le coup, me promet-il, lorsqu'on atteint le bar, plus précisément, les dernières personnes qui viennent de s'ajouter à la liste d'attente.

ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant