ABEL ET LA BÊTE

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Inès (la bête)

Je n'aurais pas dû partir comme une voleuse. Il n'a rien dû comprendre, le pauvre ! Mais je ne pouvais pas rester là-bas, avec le regard insistant de cette fille que je ne connais pas, mais qui en revanche sait beaucoup de chose sur moi. A un moment, j'ai cru qu'elle allait s'approcher de nous et tout lui révéler.

Je ne peux plus y échapper, je dois lui dire ! Mais comment ? Je n'arrive pas à trouver les mots. J'ai beau me forcer, rien ne vient, du moins, rien de compréhensible. Il va me haïr ! J'aurais dû dès le premier jour m'afficher avec mon véritable visage. Il aurait certainement pris ses jambes à son cou, mais au moins, cela m'aurait évité de souffrir inutilement.

Je suis tombée sous son charme. Jamais, je n'aurais cru ça possible, mais c'est bel et bien arrivé. Je suis amoureuse du play-boy le plus convoité du pays. Que vais-je devenir quand il apprendra toute la vérité à mon sujet ?

— Inès ?

Que fait-il ici, après, ce que je lui ai fait ?

Je le regarde planté là, juste devant moi. Il est énervé, mais pas que ! Et c'est tout à fait compréhensible ! Mon Dieu, qu'est-ce qu'il est beau ! Même dans l'obscurité, il reste un bel homme, c'est incroyable ! Je dois reprendre mes esprits, mais il me perturbe avec son regard d'incompréhension, je ne parviens pas à dire un mot, c'est affreux !

— Pourquoi m'as-tu laissé seul sur la piste de danse ? Si tu voulais rentrer, je t'aurais raccompagné !

— Je ne me sentais pas très bien !

Mais pourquoi je mens ? Il faut que j'arrête d'inventer des excuses. Je dois tout lui dire, et le plus tôt sera le mieux !

— J'ai un aveu à te faire ?

— Moi aussi !

Quoi ? Lui aussi m'aurait caché quelque chose ? Je suis stupéfaite ! Mais, quoi qu'il en soit, ça ne peut pas être plus important que mon secret !

— Mais je préférerais qu'on en parle demain, à tête reposée et au chaud ! me propose t-il de reporter notre conversation.

Je n'ai pas encore osé rentrer chez moi, je suis assise sur les marches du perron. J'ai peur de découvrir ma sœur dans ma chambre, à l'affût de toutes informations concernant ma sortie avec Abel, et je n'ai aucune envie d'en parler.

— On pourrait se donner rendez-vous près du Tage, demain soir, après le boulot ? Qu'en dis-tu ?

Je veux un endroit calme, où il n'y aura personne. Je ne veux pas l'entendre me traiter de monstre devant une multitude de gens. Je ne le supporterais pas ! Non, pas venant de lui ! Je me mets, à nouveau, à pleurnicher comme une madeleine.

— Inès ?

Il s'assied auprès de moi, et me tient la main, comme le ferait un ami.

— On peut se retrouver ici, si tu préfères ?

— Oui ! je pleure de plus belle.

Je constate que je ne vais pas seulement perdre l'homme que j'aime, mais également son amitié. Je suis maudite !

Il me prend dans ses bras, tout en essayant de me réconforter, mais sans succès.

— Et si on finissait cette soirée en cuisine ?

— Quoi ?

J'ai bien entendu ? J'ai le cœur en miette, et lui, il me propose de cuisiner ? Il a perdu la tête !

— Ne crois pas que je suis fou ! Bon, je le suis un peu, je l'avoue ! Mais, je pense sincèrement que cela nous ferait du bien, de cuisiner ensemble. Cela me calmerait sûrement, et toi, tu apprendrais des choses tout en t'amusant, et tu oublieras pour un instant tous tes problèmes.

Publié le vendredi 24 mai 2019