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Abel 


— J'ai quelques questions à te poser ? je me lance, sans conviction.


Je ne veux pas gâcher ce moment, mais je dois savoir ! Il le faut ! Je ne peux pas continuer ainsi !

Et en plus, je dois également lui avouer toute la vérité à mon sujet. Je sais qu'elle ne va pas du tout apprécier le fait que je lui ais menti, mais je ne peux malheureusement pas faire marche arrière. Si je savais, ce que je sais aujourd'hui, j'aurais été celui que je suis réellement avec elle, et non, celui que je prétends. Quoi que ? Si au début, j'ai prétendu être quelqu'un d'autre, depuis quelque temps, je me suis montré telle que je suis, mais bon, elle doit tout de même savoir !


— D'où tu connais Barbara ?

— Qui ?


Elle boit sa bière comme du petit lait. A croire que notre partie de foot, lui a donné soif. Elle en est déjà à son deuxième verre, alors que moi, je n'ai pas encore fini le premier. Plus, je la côtoie, et plus, elle me fait penser à une fille, pour qui j'aurais tout donné pour la retrouver. Mais c'est impossible, ce n'est pas elle ! Je l'aurais reconnu dès le début sinon !


— Marcio t'a surpris en discussion avec une fille au club, jeudi soir ?


Elle avale une autre gorgée de sa boisson et s'étouffe presque avec. Elle semble toute d'un coup très nerveuse. Qu'est-ce qui se passe entre elle et cette cinglée ?


— J'ignorais son nom... Elle est simplement venue me prévenir !

— Prévenir ?

— Oui, à ton sujet !

— Elle ne t'a pas menacé ?


Je m'inquiète soudainement. Surtout car je sais de quoi est capable Barbara. Ça n'aurait pas été la première à qui elle fait un sale tour.

Inès semble perdue, dans ses pensées peut-être... Elle finit sa bière et me scrute sans dire un mot. Elle n'a pas besoin de le dire, je le sens, Barbara s'est encore immiscée dans ma vie.


— Cette fille est folle ! Tu ne dois surtout pas l'écouter !

— Qu'est-ce que cette fille représente pour toi ?

— Rien ! C'est bien là tout le problème ! Elle me court après depuis des années, et ne comprend pas que je ne suis pas intéressé.

— Pourquoi ? C'est une belle femme !

— Oui, elle est très séduisante, c'est vrai ! Mais également trop caractérielle, hypocrite, insensible... tout ce que je déteste.


J'aurais pu continuer pendant des heures à lui expliquer pourquoi cette femme n'est pas faite pour moi, mais je préfère ne pas m'éterniser sur le sujet. Elle n'en vaut pas la peine !


— Qui l'aurait cru ? Abel Faro aime les femmes parfaites !

— Non ! Pas du tout ! Je crois qu'on a tous nos préférences, c'est tout !

— Je vais aller nous prendre une autre bière ?

— Laisse ! J'y vais !


Je me lève pour demander au barmaid de nous resservir, la laissant seule en train de cogiter sur ce que je viens de lui apprendre sur cette folle à lier. J'espère seulement qu'elle ne croit pas un mot de ce que cette fille a pu lui dire.

Je reviens à notre table, où je dépose les verres pleins et je n'ai pas le temps de m'asseoir qu'Inès en a déjà englouti la moitié du sien. Puis, elle me regarde droit dans les yeux et me dit sans honte aucune :


— Abel, tu me plais !


Elle paraît sincère, mais en même temps, je la sens très nerveuse, peut-être un peu trop...


— Inès ? On devrait parler de tout ça un peu plus tard !

— Non ! Ne m'interromps pas ! Sinon, je ne pourrais jamais te révéler...

— On devrait manger quelque chose ? je propose, car je ne veux pas qu'elle me fasse une syncope.


Ces mains tremblent tellement, que je ne peux pas, ne pas les prendre dans les miennes. Je les effleure du bout de mes doigts, ce qui me provoque un frisson. Elles sont gelées, je tente de les réchauffer, mais cela n'a pas d'effet. Elle, pendant ce temps là, ne me quitte pas des yeux. Elle semble figée !


— Inès ?

— Je suis amoureuse de toi !


Et là, que dois-je faire ? Je suis stupéfait ! Je n'ai pas pensé un instant qu'elle puisse me dévoiler ses sentiments de la sorte, et encore moins qu'elle m'avoue une telle bombe. Elle m'aime ? Je suis sur le cul !


— Je sais que ce n'est pas réciproque, mais je devais te le dire, avant...

— Attends ! je la stoppe dans son élan.


Je pense qu'il vaut mieux tout lui dire avant qu'elle débite des sottises qu'elle pourrait regretter.


— Moi aussi, j'ai des trucs à te dire !

— Laisse moi terminer, je t'en prie !

— Non ! Ce que j'ai à te révéler peut interférer sur tes impressions envers moi, alors écoute moi, s'il te plaît !


Elle est déçue, mais malgré tout, elle opine de la tête. Donc je me lance, mais pas sans peur.


— Promets moi de m'écouter jusqu'au bout, et si après tu veux m'arracher les cheveux, me taper, me cogner ou pire encore... je te laisserai faire, promis !


Sa nervosité laisse place à de l'inquiétude dans son regard. J'espère qu'elle pourra me pardonner ?


— Lors de mon trente-cinquième anniversaire, mon père m'a surpris en fâcheuse posture.


Je n'entre pas dans les détails, ne voulant pas non plus la faire fuir tout de suite.


— Il m'a fait promettre que si je ne me trouvais pas une épouse avant mon quarantième anniversaire, il me choisirait lui même ma femme. D'où la proposition qu'il t'a faite !

— Oui, mais j'ai refusé. Donc, il ne peut pas te forcer !

— Toi, tu as dit non, mais ce...

— Non ? Il avait une autre femme en vue ?

— Je ne la nommerais pas ainsi ! C'est Barbara !

— Mais ?

— Donc, j'ai décidé de lui montrer que j'avais changé. Et c'est là, que tu entres en action !




Publié le samedi 22 juin 2019


ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant