ABEL ET LA BÊTE

50 suite

Abel

— Nous sommes attendus mon cher !

— Et zut !

— Je promets de me rattraper plus tard ? me souffle t-elle amoureusement à l'oreille.

Ce qui me procure instantanément des frissons dans tout le corps et une réaction immédiate de ma verge.

— J'ai hâte d'y être ! je prononce avec une grande exaltation.

— Moi aussi ! dit-elle tout en me fixant de son regard éblouissant.

Retenez moi ! Ou je crois que je vais lui sauter dessus et ne plus la lâcher !

— Calme tes ardeurs Don Juan ! On est invité ce soir !

— On peut toujours décommander ?

— Et faire faux bond à ton père ? Jamais ! La famille s'est sacrée !

— Tu n'es pas drôle !

— Qui t'a dit que je l'étais ?

— Personne ! Mais j'ai pensé que...

— Tu as mal pensé, voilà tout !

Elle se lève du lit avec grâce et volupté, et toute mon anatomie s'enflamme de plus belle. Pauvre de moi ! Pourquoi m'a-t-on mis cette créature sur mon chemin ? Mon cœur ne va pas résister longtemps... Je crois d'ailleurs qu'il y a déjà succombé !

— Alors ? Tu te lèves ? Ou tu comptes passer le réveillon dans cette chambre de luxe ? me demande t-elle gentiment de m'habiller.

Comme ses désirs sont des ordres, je m'exécute, mais pas sans broncher.

— On aurait pu être bien, toute la nuit, emmitouflé sous cette couette, à se faire des choses pas très honnêtes, même indécentes. Rien que d'y penser, j'en suis tout retourné !

Elle s'approche de moi, déjà prête à partir, avec son manteau sur le dos. Je détourne mon regard pour lui montrer ma désapprobation. Puis j'enfile mon pantalon à contre cœur.

— En fait, pourquoi m'as-tu emmené ici, dans cet endroit qui ne me ressemble pas ? me sort-elle. Ni à toi en plus ! Tu peux être une personne aisée, tu n'es en revanche pas quelqu'un à fréquenter ce genre de lieu... je me trompe ?

J'avais complètement oublié le pourquoi de notre présence dans ce lieu. Et apparemment, elle n'a pas fait le rapprochement entre nous et cet endroit... Si je lui avoue maintenant pour quelle raison on est ici, on n'est pas près de partir. Mais je ne peux pas définitivement le reporter, je dois lui dire et tout de suite !

— C'est ici qu'on s'est aimé pour la première fois ! je vais droit au but.

Le regard qu'elle me jette veut tout dire. Elle me prend pour un cinglé ! Pourtant je ne suis pas fou ! Je sais ce que j'avance.