ABEL ET LA BÊTE

47 suite

Inès (la bête)

— Je crois que tu vas t'abîmer les yeux à force de le fixer ainsi ! me rejoint Rosa alors que je contemple Abel endormi sur le canapé.

Depuis que je suis redescendue, Abel n'a pas rouvert ses yeux. Son père m'a confié qu'il était fatigué, car il n'avait pas fermé l'œil depuis quelques jours maintenant, étant absorbé par ses pensées me concernant. Je n'ai pas pu esquissé un petit sourire de satisfaction. Abel obnubilé par moi, qui l'aurait cru ?

— Ce n'est pas un prince charmant, mais il n'en est pas loin ! Mon filleul a beaucoup de défauts mais il a un cœur en or. Il faut seulement apprendre à le connaître.

— Oui, c'est quelqu'un de bien ! j'affirme ces propos.

Rosa connaît mes sentiments à l'égard d'Abel. Selon elle, les sentiments sont partagés. Mais à l'inverse de ce qu'elle pense, moi, je crois qu'Abel n'est pas du tout prêt à aimer une femme. Pour lui, la gente féminine n'est qu'une attraction.

— Tu dois être patiente avec lui ! Il a peur d'aimer.

— Dis plutôt, qu'il ne veut pas m'aimer !

— Toi ou une autre, rien n'y changerait ! Que veux-tu ? C'est un homme ! Il ne peut pas aller contre sa nature ! Il ne veut pas souffrir !

— Une vraie chochotte ! je me moque gentiment de l'homme qui dort.

Ce qui fait rire ma marraine de cœur.

— Oui ! Des mauviettes ! rigole t-elle encore plus fort que tout le monde se tourne vers nous. Si quelques hommes sont des aventuriers et n'ont peur de rien, la majorité d'entre eux paniquent et s'évanouissent à la moindre petite douleur.

— Quelle image superficielle tu as des mecs, Rosa ? Je suis consternée !

— Je ne plaisante pas ma belle ! La plupart des gars flippent face à l'amour, car ils ne pensent qu'aux conséquences. Ils ont trop peur de l'engagement et de la tournure que cela peut avoir dans leur vie, ils ne veulent pas se sentir emprisonner.

Peut-être... Mais je crois sincèrement que ce n'est pas tout à fait le cas pour Abel... Même s'il tient énormément à sa liberté, je pense qu'il refuse de s'attacher à moi, car je suis comme je suis ; mais surtout car il ne veut pas donner raison à son père, qui lui a affirmé que j'étais la femme de sa vie.

Non ! Me voici encore en train de me faire des films. Il ne veut pas de moi, un point c'est tout ! Il faut vraiment que j'arrête de prendre mes rêves pour des réalités !

— Sûrement ! je finis par donner raison à Rosa.

— Tu sais ma chérie, tu ne devrais pas attendre qu'il se décide, tu dois vivre ta vie, peu importe ce que mon filleul veut...

— Je suis entièrement d'accord ! C'est pour cela que j'ai décidé, il y a moins de deux heures, de vivre exclusivement pour moi. Je ne veux plus me soucier de ce que les autres pensent et disent de moi. Maintenant, je vais faire ce qui me chante, n'en déplaise à beaucoup. Je ne vivrais plus cachée !

— Waouh ! Qu'avez-vous fait de ma petite Inès ?

— Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ?