ABEL ET LA BÊTE

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Inès (la bête)

Pourquoi je suis encore ici ? J'aurais dû partir dès que je me suis réveillée avec la lumière allumée. Il ne fait plus aucun doute qu'il a fuit à la vue de mes cicatrices sur le corps. Et pourtant, je garde espoir qu'il réapparaisse, après s'être rendu compte qu'il n'y a pas mort d'homme pour autant, qu'il peut vivre et m'aimer malgré tout. Mais plus les minutes défilent et plus je crois que mes désirs s'amenuisent. Il ne viendra pas ! J'ai été idiote de penser qu'il pourrait être le bon, celui qui pourra m'aimer telle que je suis réellement. J'y ai cru ! Surtout après le moment délicieux qu'il m'a fait vivre, mais je me suis trompée ! Il faut que je me fasse à l'idée qu'aucun homme ne pourra m'aimer, que je suis destinée à rester seule, sans amour.

J'ai ma poitrine qui est sur le point d'exploser tellement la douleur est insupportable à l'intérieur. J'ignorais qu'un chagrin d'amour pouvait faire aussi mal. J'ai l'impression qu'un gros camion m'est passé dessus. Mon corps tout entier souffre le martyre. Si vendredi, j'ai cru mourir avec ma crise de panique, ce soir, une partie de moi est morte à tout jamais.

Je ne serais plus la fille simple, naïve et faible... Non, je ne vais plus me laisser aller à mes sentiments. C'est fini ! Dorénavant, je vais être comme ma sœur, une femme forte, libre, sans attache et fière de l'être. L'amour n'est que source de problèmes et de souffrance ! J'en ai eu ma dose ! Je ne commettrai plus cette erreur ! Les douleurs, les remarques désobligeantes, les regards incessants, je mets tout ça derrière moi, une bonne fois pour toute ! Je ne veux plus souffrir inutilement, les gens peuvent dire ce qu'ils voudront, ça ne m'atteindra plus ! Je suis une autre femme à partir d'aujourd'hui !

Je veux être maître de mon destin ! Si l'amour n'est pas pour moi, je vais tout de même réaliser mon rêve, celui de devenir mère ! Je vous rassure, je ne compte pas faire un bébé derrière le dos de personne. Je ferais certainement appel à une banque de spermes ou bien à l'adoption, il y a tellement d'enfants abandonnés dans ce bas monde... Je vais y réfléchir !

Je pense qu'il est temps de rentrer. Mon portable se met à biper alors que je suis sur le point de quitter le canapé sur lequel je suis installée depuis plus de deux heures. Je cours le chercher dans mon sac, espérant au fond de moi qu'il s'agisse d'un message de qui vous savez, mais non, ce n'est que mon père, qui s'inquiète que je ne sois pas encore rentrée...

— Qu'est-ce que tu peux être stupide ! je m'exclame contre moi-même. Tu viens de te promettre de ne plus tomber dans ce piège et à la moindre sonnerie, tu réagis comme une enfant.

Que voulez-vous ? On ne se refait pas en une seconde, à ce que je vois. Mais je vais tout faire pour devenir cette autre personne, qui n'aura plus peur de rien ! Je tiens à respecter ma promesse envers moi-même. Je mérite une vie meilleure, même si celle-ci doit être sans amour et sans partenaire pour la vie.

Je remballe mes affaires et décide d'appeler un taxi, quand mon téléphone me sonne dans les mains. Un autre message. J'ai prévenu mon paternel que j'arrivais, je ne vois pas qui cela pourrait être d'autre ?

Je jette un coup d'œil et le nom qui s'affiche me fait avoir un frisson. Serait-il possible qu'il ait des remords ou bien qu'il ait changé d'avis à mon sujet ?

— Stop ! Arrête de te faire des films et lis ! m'insuffle mon esprit.

Je ne me fait pas prier et regarde ma messagerie sur le champ.

— Je suis désolé, mais ça ne pourra pas le faire ! Tu es trop bien pour moi ! Abel.

Je suis sur le cul ! Je m'assieds même et relis trois fois ce qu'il a osé m'écrire. Comment a t-il pu me faire ça ? Ça lui coûtait trop d'être honnête pour une fois. Je suis dégoûtée ! Je pensais que c'était quelqu'un de bien, et je me suis royalement trompée sur lui ! Il ne mérite pas que je m'apitoie sur son sort, moi, qui me préoccupait de savoir comment il allait... Oui, cela ne doit pas être évident de se réveiller auprès de moi, sans être prévenu à l'avance de ce qu'il pouvait découvrir. Mais maintenant, je n'en ai plus rien à faire ! Abel Faro est sorti de ma vie pour de bon ! Qu'il aille au Diable !

Je me redresse et quitte ce lieu où je ne suis plus la bienvenue et qui me donne des palpitations, en me remémorant notre si belle étreinte. Je claque la porte et laisse enfin tout ça derrière moi, du moins je l'espère...

Publié le mercredi 31 juillet 2019