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Abel


Elle n'est pas ce que je m'imaginais d'elle. Oui, il y a des cicatrices, mais elles sont si fines qu'elles paraissent être dessinées sur sa peau, et non gravées pour l'éternité. Je ne comprends pas pourquoi j'avais une image autant faussée d'elle dans mon esprit ? Pourtant, je l'ai vu sans artifice fin octobre... Non, décidément, je ne comprends rien ! Pourquoi je la voyais avec des balafres énormes et un horrible regard ? Ça ne tourne pas rond chez moi. Je suis vraiment cinglé par moment !

Elle, elle ne me quitte pas des yeux, peut-être qu'elle attend que je lui dise ce que je pense d'elle ainsi ? Ou rien, elle me regarde seulement car je suis beau, tout simplement...

Mais ses yeux se remplissent de larmes subitement et j'en conclu qu'elle croit que je la déteste, alors que c'est faux !


— Ne pleure pas ! je lui essuie les yeux avant de poursuivre. Tu n'es pas la plus belle femme de la planète avec ses traces, mais je peux te promettre que tu n'es en aucun cas la bête dont tout le monde parle. Je crois qu'ils sont jaloux, ou plus précisément jalouses, car malgré tes marques, tu restes une belle femme.


Bon ? Qu'est-ce que j'ai encore dit de mal ? Elle ne cesse de pleurnicher. J'ai beau lui affirmer qu'elle est jolie, agréable, charmante,... Elle pleure toujours ! Il me faudrait un faiseur de miracle pour la faire à nouveau sourire...


— Je... suis... compl... à... cou... voix... manque... mot... elle tente de dire quelques mots, mais rien de compréhensible.


Je suis vraiment à court d'idées. Je ne sais plus quoi dire ou faire pour lui remonter le moral. Je pense que rien ne peut la sortir de cette déprime. Elle est complètement déboussolée, troublée par ce qui lui arrive. Comment je peux l'aider ?

Si on m'avait dit, il y a deux heures de ça, que je me retrouverais dans une salle de bain en train de réconforter la femme de tous mes déboires, jamais je ne l'aurais cru ! D'ailleurs, pourquoi je suis ici ?

Ah oui ! Pour soulager ma conscience ! Et pour le moment, je n'y parviens pas ! Pire encore, je me sens davantage coupable. Je ne dois plus tourner en rond, je dois tout lui dire !


— Inès ? Je suis un crétin ! je m'arrête essayant de trouver les mots appropriés, puis je reprends : Je me suis persuadé, je ne sais pas par quel phénomène que tu étais un odieux personnage, et tout cela à cause des cicatrices que j'ai vu sur ton corps. Depuis dimanche soir, je n'arrive plus à te voir comme tu es réellement, une belle femme. Tout ça est certainement dû à mes peurs... Car l'image que je me faisais de toi ces derniers jours, était tout autre, que celle que j'admire là en ce moment. Tu es loin de ce qu'on raconte de toi, avec ou sans tes petites blafardes, tu restes une séduisante jeune femme.


Les larmes coulent toujours de ses yeux. Je pensais à l'instant être parvenu à lui soutirer un petit sourire, mais il n'en est rien. Elle semble toujours bouleversée. Lui répéter qu'elle est belle, n'y changera rien !


— Parle-moi ? Traite-moi de tous les noms, si ça te chante ! Mais dis quelque chose ! je m'irrite plus que de raison.

— J'ai... elle commence, puis s'arrête brusquement.


Au moins elle m'écoute. Elle est bien présente. Donc je poursuis, car je crois savoir ce qui la gêne.

ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant