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Inès (la bête)


Toc, toc, toc...

— Je peux entrer ?, demande  mon père la permission pour pénétrer dans mon antre.

— Bien sûr papa... Je suis désolée !, je m'excuse avant même qu'il franchisse le pas de ma porte.

— Tu n'as rien fait de mal ma chérie. C'est moi au contraire qui devrait te demander pardon. Je n'aurais jamais dû te contraindre à cette situation.


Il s'approche de mon lit dans lequel je suis installée depuis que je me suis enfermée dans ma chambre. Je me sens si débile et si immature d'être entrée dans leur jeu insensé !


— Ce n'est rien ! C'est du passé maintenant !, j'essaye de rassurer mon père.


S'il y a une personne responsable de tout cela, c'est bien moi ! Et non lui !


— Oui en effet ! Quand je t'ai proposé cet accord, ça m'avait semblé être une bonne idée mais je me suis trompé. Je le regrette !

— Papa, tu n'as rien à te reprocher. Tu l'as dit toi-même, tu pensais bien faire.


Il s'assied près de moi et m'attire contre lui. Je me blottis dans ses bras comme une petite fille en besoin d'affection.


— Je t'aime tellement ! J'aimerais te voir heureuse... me serre t-il encore plus fort.

— Mais je le suis ! J'ai un père génial !

— Ça ne suffit pas au bonheur d'une femme, ma chérie. Tu as besoin d'être aimée par quelqu'un qui t'appréciera pour ce que tu es et qui te trouvera belle en toutes circonstances, avec ou sans tes cicatrices.

— Mission quasi-impossible papa !


Je ne veux pas lui gâcher ses espoirs, mais je suis persuadée que ce qu'il désire pour moi est tout bonnement irréaliste.


— Malgré, que ce dîner n'a pas été une franche réussite, je dois quand même t'avouer que je ne t'avais pas vu aussi rayonnante depuis des années. Et non, ce n'était pas dû à ton maquillage.


Qu'est-ce qu'il raconte ? Pendant toute cette soirée, je me suis sentie mal à l'aise, intimidée par les Faro et tout particulièrement par le fils, certainement dû à la situation grotesque dans laquelle nous étions tous réunis.


— Tes yeux étaient lumineux, poursuit-il avant même que je puisse le contester. Dès que tu posais ton regard sur Abel, ton visage tout entier s'éclaircissait avant de rougir.


Je sors de son étreinte d'un bond et le fixe interloquée par ce qu'il vient de débiter. Il est devenu fou !


— Ne sois pas aussi surprise ! Le fils de mon ami est très séduisant et il te plaît, il n'y aucun mal à ça ! En plus, je suis persuadé que c'est réciproque. Il ne t'a pas quitté des yeux un seul instant, il a été charmé !


Qu'est-ce qu'ils ont tous à croire que monsieur Abel Faro puisse être attirer par moi... Ils ont tous perdu la tête à ma parole !


— Papa, tu n'as rien vu de tel !, j'explose, ayant les nerfs à vif. Abel est un séducteur né et rien d'autre. S'il avait vu mon vrai visage, il serait parti en courant...

— Peut-être, me coupe t-il. Mais tu n'en sais rien !

— Si papa ! Il m'a déjà vu sans cet artifice. Et je peux t'affirmer qu'il n'a pas été très élogieux. Il m'a trouvé horrible au point de ne pas me reconnaître aujourd'hui.

— La lueur que j'ai aperçu dans vos regards respectifs au moment où vos yeux se sont croisés pour la première fois m'indique avec certitude qu'il peut être l'homme de ta vie.


Mon père hallucine ! Ce n'est pas possible ! Il n'a rien entendu de ce que je lui ai dit. Comment peut-il croire qu'il existe un avenir entre moi et cet aguicheur ? C'est confirmer, mon père a perdu ses facultés !


— Inès, tu es une femme très intelligente mais en ce qui concerne l'amour, tu es loin d'être une experte...


Il a entièrement raison, mais je pense encore pouvoir reconnaître quand je plais à quelqu'un et surtout si c'est réciproque. Je ne suis pas à ce point la, inerte à l'amour.

Oui, Abel est un homme très séduisant, mais il n'y a pas eu cette alchimie que je recherche entre deux personnes. Et en plus, ce gars ne voulait pas être avec moi, il n'est venu ici, qu'à la demande de son père, rien d'autre !


— Chérie, je sais que tu es décontenancée par ce que je viens de t'annoncer. Mais crois moi, quand je te dis que ce garçon est tombé sous ton charme. Il avait le même sourire béat que lorsque j'ai rencontré ta mère. Il a peut-être pris peur en te voyant sans maquillage, mais je suis persuadé qu'avec le temps, il pourrait s'y habituer...


Mon père est un idéaliste par moment, mais il doit revenir à la réalité. Abel Faro n'acceptera jamais ma différence même s'il tombait amoureux de moi, ce que je doute que cela se produise un jour, mais bon, mon père pense le contraire, mais cela ne modifiera en rien le fait que le célibataire le plus convoité du pays m'a trouvé repoussante avec mes cicatrices et cela ne changera pas, car soit disant il est attiré par moi avec cette tonne de crème camouflante. Arrêtons de rêver !


— Je ne pense pas que cela se réalise un jour, papa ! Il n'est pas un mec pour moi ! En plus, c'est un Don Juan. Tu connais le nombre de ses conquêtes ?

— Non ! Mais je sais qu'il est impressionnant ! En revanche, je sais qu'un homme peut changer pour une femme, par amour... réfléchis-y !

— Entendu !, je lui promets car j'ai l'impression qu'il croit sincèrement à ses dires.


Si je plais réellement au fils Faro, cela démontrerait que les contes de fées existent dans la vraie vie... Non ! Mais qu'est ce que je raconte ? Je vois déjà les titres dans les magazines : Abel et la bête, Faro et le monstre Martins, Faro perd la tête...

Je ne dis pas qu'il n'existe pas une infime chance, qu'un jour, je trouve quelqu'un qui puisse m'aimer, mais Abel n'est certainement pas cet homme ! Il est bien trop concentré sur sa personne, il est incapable d'aimer quelqu'un d'autre que lui même.

La page Abel Faro vient d'être tourné en ce qui me concerne !






Publié le mercredi 23 janvier 2019

ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant