37

1.1K 172 6
                                    

Inès (la bête)


  Je suis horrible ! Comment j'ai pu oublié ça ? Ce n'est pas faute de m'avoir prévenu à plusieurs reprises portant ! David n'a pas arrêté de me dire qu'il fallait que je nettoie ma peau tous les soirs, afin de la réhydrater et pour ne pas ressembler à un monstre. C'est trop tard ! J'ai l'impression que mon visage a triplé de volume avec toutes ces rougeurs disgracieuses. Et en plus, d'être affreuse, toutes les parties de mon corps endommagées me tirent et me donnent des démangeaisons épouvantables. Comment je vais pouvoir sortir d'ici ?


— Inès ! Laisse-moi entrer !


Cela fait trois fois, qu'elle frappe à ma porte, et que je refuse de lui ouvrir. Je ne veux pas qu'elle me voie ainsi, ni elle, ni personne ! Je ne suis pas présentable ! Je suis hideuse !


— Dis-moi au moins comment tu vas ?

— Je vais bien, malgré les circonstances ! Je ressemble a une bête à qui on aurait déchiqueté la peau, mais sinon, ça va !

— Ça ne peut pas être si terrible ?


Elle dit ça, car elle ne m'a pas vu. Mais elle aussi, elle prendrait peur !


— Je préfère que tu ne me voies pas ainsi, si cela ne te dérange pas ?

— Inès ! Je suis ta sœur !

— Crois-moi quand je te dis, qu'il vaut mieux, que personne ne me voie avec cette figure. Si les gens me traitaient déjà de monstre avant, avec cette tête, je ne sais pas comment ils m'appelleront ?


Quel mot peut être pire que monstre, affreuse, bête, horrible... ? Rien ne me vient, mais je sais que certains trouveront, et c'est pour cela que je dois rester enfermée ici, dans ma chambre, à l'abri des regards.


— Lili, tu es toujours là ? je demande vu qu'elle ne dit plus rien.


Ce n'est pas dans ses habitudes de baisser les bras aussi facilement. Généralement, elle insiste tellement, que je n'aie pas d'autre solution que de lui ouvrir la porte, afin qu'elle se taise.

Quant à moi, je voudrais bien trouver un endroit clôt, où me cacher, le temps que tout cela redevienne normal. Je n'arrive pas à me regarder dans la glace, tellement je me fais peur. Je suis répugnante ! Si ce n'était pas moi, je pourrais dire : comment une telle personne peut-elle vivre ainsi ? Ce n'est pas possible ! Je crois que je préférerais mourir que d'exister ! Je sais haut combien c'est difficile de vivre défigurée au quotidien, mais je crois sincèrement que ce n'est rien à côté de la tête que j'ai aujourd'hui. J'espère que ces inflammations vont disparaître aussi vite qu'elles sont apparues, car sinon toute mon existence sera encore chamboulée, et je n'ai pas envie de vivre ça, non !

Comment sortir de ma maison sans causer d'esclandre ? J'effrayerai le plus rustre des êtres humains avec le visage dans cet état. Je ne veux pas imaginer la petite frimousse d'un enfant me voyant, non, c'est trop dur. Je suis destinée à rester enfermée ici, toute seule, sans la moindre visite, le temps que cela s'efface. Je suis maudite ! A bout de force, je me laisse aller à mon chagrin.

BOUM ! Un bruit assourdissant venant de la pièce d'à côté, me fait sursauter de ma chaise. Qu'est-ce que ma sœur a fait tomber ?


ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant