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Abel


— Ah ! Te voilà enfin ! Où étais-tu passé ?


Je franchis à peine le seuil de la porte d'entrée de la maison familiale que je suis immédiatement interpellé par mon cher père.


— Bonjour papa ! Je suis également heureux de te voir !

— Je me suis fait un sang d'encre Abel. Tu aurais au moins pu m'envoyer un message pour m'informer que tu allais bien ! m'assène t-il.

— J'ignorais que mon bien être t'importait...

— Tu es mon fils ! Je ne veux que ton bonheur !

— Ha ! Ha ! Ha ! je ris nerveusement.


Si lui, il veut réellement mon bonheur, alors moi je veux la paix dans le monde. C'est complètement absurde ! S'il y a bien une personne qui se fout de savoir comment je vais, c'est bien mon père ! Il ne pense qu'à lui !


— Abel ! Je sais que tu penses que je ne t'aime pas, mais je peux te promettre que tu as tort ! Je ne cherche qu'à t'apporter mon aide.

— Je m'en passerais bien de ton aide !


Il croit quoi ? Qu'en me forçant à me marier, je serai l'homme le plus heureux de la planète. Il a vu la vierge !


— Je veux seulement que tu arrêtes ta vie de dévergondé, mon garçon. Dans peu d'années, je ne serai plus là ! Tu ne pourras plus compter sur moi pour effacer tes frasques !

— Je suis assez grand pour me débrouiller tout seul !

— Vraiment ? Dois-je te rappeler la fois où tu as failli coucher avec une jeune fille de quinze ans ? Heureusement, que l'un de mes contacts m'a prévenu, cela t'a évité de gros ennuis.


On fait tous des conneries lorsqu'on est jeune. Elle m'avait assuré qu'elle avait dix-huit ans. Je l'ai cru ! J'avais aucune raison de ne pas la croire. Et en plus de ça, j'étais un grand adolescent à cette époque, je devais avoir vingt-cinq ans ou vingt-six à tout casser.


— Et celle, poursuit-il, où tu t'es retrouvé enfermé et menotté sur un lit au fin fond de nulle part dans une cabane de pêcheur. Et si je ne savais pas où tu étais, jamais on ne t'aurais retrouvé ! On te chercherait encore !

— Ça fait longtemps tout ça ! je proclame. Je n'étais encore qu'un gamin !

— Oui, un enfant de trente ans ! s'exclame t-il mécontent que je n'assume pas mes erreurs.


Bien sûr que j'ai fait des stupidités durant ma vie, mais qui n'en commet pas ? Après tout, je ne suis qu'un être humain.


— Abel, je ne veux pas te jeter la pierre. On fait tous des erreurs et moi le premier. J'aurais dû être plus sévère avec toi et te montrer ce qu'est la vraie vie. Il est temps que tu deviennes un homme. Je veux te savoir bien, aimé et père de famille afin de partir en toute tranquillité.


Serait-il malade ?


— Tu parles comme si tu allais mourir demain ? je m'inquiète subitement.


Je ne l'ai jamais vu ainsi, aussi terrorisé. Il a peur pour moi, pour mon avenir... J'aimerais le rassurer mais je ne peux pas, je suis toujours aussi remonté contre lui.


— Je ne suis pas éternel, tu sais ? Un jour ou l'autre, je quitterai ce monde.

— Oui, comme tout le monde ! Et moi y compris !

— J'espère mourir avant toi mon fils, c'est dans l'ordre des choses. Généralement, les parents disparaissent avant leurs enfants. La vie est ainsi faite !


Il me cache quelque chose ! Il n'a pas l'air dans son état normal...

Perturbé, je ne sais plus quoi dire...


— Oui, mais... puis, je m'arrête.


Mon père serait-il mourant ? Cette conclusion m'horripile ! Je ne peux concevoir de le perdre maintenant. C'est trop tôt ! Il doit connaître ses petits enfants comme il le désire tant, les voir grandir, passer du temps avec eux comme il l'a fait avec moi lorsque j'étais encore qu'un bambin.

Mais, il ne me laisse pas le temps de cogiter sur le sujet, dans mon coin, qu'il me sort :


— J'ai appris que tu t'étais rendu chez les Martins en début de matinée...


Comment fait-il pour être toujours au courant de tout ? Il est incroyable ! Il me fait suivre, ce n'est pas possible autrement !


— Je suis allé m'excuser et demander à Inès de nous donner une chance de mieux nous connaître.

— Et quel est le verdict ?

— Elle a accepté !

— Tant mieux ! Car je pense vraiment qu'elle est la femme qu'il te faut ! Ne gâche pas tout cette fois-ci. Bon, tu devrais aller te préparer, nous sommes attendus chez les Pédro.


Zut ! Comment j'ai pu oublier ce déjeuner ? Je ne peux pas ne pas y assister. C'est notre plus gros fournisseur, leurs produits représentent à eux seuls plus de vingt pourcent de notre chiffre d'affaires.


— Ne me dis pas que tu avais oublié ? Quoi que tu es de prévu, tu annules ! me somme mon père avant même que j'ouvre ma bouche.


Inès va me maudire ! Je vais devoir encore faire le chien battu afin qu'elle me pardonne cette incartade. J'espère que cela fonctionnera...





Posté le mercredi 27 février 2019


ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant