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Inès (la bête)


  Comment dire ? Le déjeuner s'est passé à la perfection. Je n'aurais pas pu imaginer que le fils Faro soit en réalité un bon serviteur. Vous l'auriez vu ? Il était méconnaissable ! Il ne s'est pas contenter de servir des repas, non, il avait toujours le mot qu'il fallait envers les personnes en situation de handicap ou bien en difficulté. Il savait comment les faire sourire et leur redonner du courage. Cet homme que tout le monde décrit comme sans cœur est en réalité un bon samaritain. Qui l'aurait cru ? Même ma sœurette est tombée sous le charme. S'il était déjà monté dans mon estime ce matin en se comportant comme un gentleman avec Eva, depuis la fin de ce déjeuner, il est devenu pour moi, une sorte de Dieu vivant. Ok, c'est peut-être exagéré, mais il a cette aura qui fait que tout le monde tombe à ses pieds. Il sait s'y prendre avec les gens, pas comme moi, qui me comporte parfois comme une cruche, et avec lui la première.


— C'est comme ça, que vous rincez la vaisselle ? me sort Abel, alors que je passe encore sous l'eau la même assiette depuis des secondes. A cette allure là, on n'est pas sortie d'ici !


Si, si, vous ne rêvez pas ! Abel est bien en train de faire la plonge avec moi. Lui, il lave, et moi, je suis sensée rincer le savon. Je dis bien « sensée », car la vaisselle s'accumule devant moi, je suis submergée. Je devrais me concentrer sur ma tâche, au lieu, de rêvasser sur mon collègue de corvée.


— Désolée ! J'avais la tête ailleurs !

— Vous êtes sûre que tout va bien ?


Oh ! Il s'inquiète pour moi, c'est trop mignon. Non ! Ressaisis-toi ! Hurle mon esprit, afin que je ne me disperse pas.


— Oui ! Oui !

— Bon ok, au travail alors ! m'impose t-il le rythme.


On arrive au bout de notre devoir, et je décide soudainement d'en savoir plus sur lui. Je suis persuadée qu'il est quelqu'un de bien, mais qu'il se donne un genre.


— Pourquoi votre père veut-il absolument vous voir casé ? Et avec moi qui plus est ?


Je connais la version de son paternel, qui pense que son fils et moi, nous sommes fait pour être ensemble, mais qu'en est-il d'Abel ? Pense t-il la même chose ou pas du tout...


— Il est persuadé qu'on ferait un joli couple, mais surtout, il souhaite avoir des petits enfants, m'annonce t-il tout en se séchant les mains dans un torchon.


Il me le tend alors que je viens à peine de terminer mon labeur, puis il poursuit :


— Mon père ne s'intéresse pas à mon bien être, ce qu'il veut, c'est donner la meilleure image de la famille Faro, qu'importe les conséquences.


Sérieusement, c'est ce qu'il pense ? José m'a parut plutôt très soucieux du bonheur de son fils, lorsqu'il m'a convié dans son bureau. Comment Abel peut croire que son géniteur ne se préoccupe pas à son sujet ?


— Vous voulez ma version ?

— On pourrait se tutoyer, qu'en penses-tu ?

— J'en pense que du bien ! Alors, tu veux que je te dise ce que selon moi, pourquoi ton père désire tant te voir marié ?

— Que je le veuille ou non, tu finiras par me le dire ! Depuis le début, tu ne te gènes pas pour me lancer mes quatre vérités en face, vas-y, je t'écoute !


Il me voit ainsi, comme celle, qui lui crache à la figure tous ses mauvais comportements puérils, ses défauts plus que détestables... Il faut que je me rattrape, Abel n'est pas seulement un cas désespéré, il est un homme au cœur brisé.


— Ce pourrait-il que ton père n'aspire qu'à t'ouvrir les yeux sur un monde que tu ne veux pas découvrir, celui de l'amour ?


Il n'en croit pas un mot. Il a même un rire nerveux, ce qui en dit long.


— Inès, ne te laisses pas leurrer par toutes les belles paroles de mon paternel. Il sait comment amadouer les personnes, comment penses-tu qu'il est arrivé où il est ?


Dois-je conclure qu'il n'est pas proche de son père, qu'il ne l'aime pas, comme le devrait un fils ? C'est triste !


— J'aime mon père ! finit-il par répondre à ma question sans même que je la pose. Ce n'est pas ça le problème ! Il se soucie de trop des qu'en-dira-t-on, malheureusement.


Pourquoi je n'ai pas le même ressenti face à cet homme qu'il décrit comme un carriériste. José peut être très dure en affaires, je n'en doute pas. Et peut-être aussi, qu'il veut paraître aux yeux des gens, être une bonne famille. On ne peut pas lui jeter la pierre pour cela. Mais je suis certaine qu'il aime son garçon plus que tout, il ne désire que son bonheur. Le grand Faro n'a sûrement pas su montrer à son fils tout l'amour qu'il lui porte, voilà incontestablement la vraie raison de leurs conflits ! 






Publié le samedi 27 avril 2019


ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant