ABEL ET LA BÊTE

35 suite

Inès (la bête)

— Tu veux vraiment que je t'aide à confectionner des sablés de Noël ?

— Oui ! C'est la recette de ma mère, et je n'ai jamais su les faire comme elle ! Tu vas pouvoir me montrer comment m'y prendre !

Je sais qu'il n'est pas très axé sur la pâtisserie, mais cela doit être du pareil au même, cuisiner ou pâtisser, ça ne doit pas être si différent que ça, si ? Le tout se fait en cuisine ! Et j'en ai une belle, toute équipée, à sa disposition. Donc, il n'a plus qu'à !

Je sors des placards, tout ce dont il peut avoir besoin, trois saladiers, quatre fouets, dont un électrique, deux cuillères en bois, une balance, trois petits bols... quand il me stoppe.

— Que comptes-tu faire avec tous ces ustensiles ?

— Moi ? Rien !

— Laisse-moi faire !

Il range la plupart des éléments que je viens de sortir, pour approcher le robot pâtissier. Je n'ai jamais utilisé ce machin, depuis que je l'ai fait fonctionné, il y a de ça une dizaine d'année. Cela ne m'a pas été très bénéfique, j'ai recouvert tous les murs de la cuisine d'œufs battus. C'était une catastrophe !

— Tout va bien ?

— Oui ! Tu comptes utiliser ce truc ?

— Euh... Oui ! Il fonctionne au moins ?

— Je crois... Peut-être... un peu trop !

— Toi, tu as fait des bêtises ?

— Non ! Pourquoi tu dis ça ?

— Tu ressembles fortement à une de mes cousines avec qui je m'entendais à merveille, et quand elle faisait une ânerie, elle se recroquevillait sur elle-même, pensant qu'on ne le verrait pas. Alors, qu'as-tu fait avec cet appareil ?

— Cet engin de malheur, tu veux dire ?

— Ah ! C'est à ce point là ! sourit-il, comme si je venais de débiter une blague.

— Il n'y a rien de drôle ! je m'énerve contre lui, alors qu'il rigole de mon embêtement.

Il ne fait pas attention à mes propos et poursuit ce qu'il est en train de faire, toujours avec le sourire aux lèvres. Ça m'agace, comme vous ne pouvez pas l'imaginer ! Mais je décide de me calmer et de le laisser faire, afin de découvrir tous les secrets de fabrication des sablés. Après, avoir ouvert tous les portes des armoires de cuisine et le frigo, il dépose sur l'immense plan de travail, une brique de beurre, des œufs, du sucre, de la farine et de la cannelle. Ah ! Et également, du sel, qui doit servir... Bah ! Je n'en ai aucune idée ! Il a certainement dû se tromper !

— Tu es sûr de toi ? je lui demande perplexe, ne comprenant pas pourquoi, le sel se trouve sur la table.

Mais celui-ci n'a pas l'air très étonné. Bien au contraire, il semble enthousiasmé, prêt à commencer. Il se lave les mains et me demande de faire de même. Je m'exécute quand je reçois une goutte d'eau sur le nez,

— Mais qu'est-ce que c'est ?

Puis, je reçois une autre sur le front, et plusieurs sur tout le visage. Paniquée, que mon maquillage se défasse sous les yeux d'Abel. Je m'éponge instantanément la figure en prenant soin de ne pas frotter.