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Inès (la bête)


— Inès ! Je te rappelle qu'il ne t'emmène pas dans un restaurant chic, mais dans une discothèque branchée ! tente d'attirer mon attention Lili avec l'une de ses tenues.

— Elle fera l'affaire ! je lui montre ma petite robe noire que j'adore.


Ma sœur essaye de me convaincre, depuis plus d'une heure, d'enfiler l'un de ses bouts de tissu, car on ne peut pas appeler ça, une robe, tellement elles sont minuscules et trop sexy à mon goût. Pourtant, je suis persuadée que cela plaira à Abel. Mais il est hors de question que je m'inflige un tel tourment. Je suis déjà assez angoissée, pas besoin d'en rajouter ! En plus, je pense qu'il sait que je ne suis pas comme toutes celles avec qui il couche.


— Elle n'est pas si courte que ça ! Essaye-la au moins ! me jette t-elle la rouge à la figure. Je suis persuadée qu'elle t'ira à ravir !

— Je ne vais pas mettre ce truc !


Je prends son tissu coloré et le mets dans un coin de mon lit. Je veux me sentir à l'aise dans mes vêtements pour sortir avec Abel. Je ne veux pas passer mon temps à descendre ma jupe.


— Inès ? Crois-moi, tu seras à tomber dans cette robe ! Pourquoi ne pas l'essayer ?

— Car je n'ai pas de temps à perdre !

— Il ne viendra pas te chercher avant deux bonnes heures ! Tu as tout le temps du monde pour la mettre et l'enlever, si elle ne te convient pas !


Mais je n'ai aucune envie de lui faire plaisir ! Elle n'a pas été de mon côté, hier, quand j'ai appelé Abel pour annuler ce fichu rendez-vous. Elle m'a traité de trouillarde ! Quelle sœur fait ce genre de réflexion à son aînée, sachant ce que j'ai vécu ?


— Tu m'en veux encore pour hier soir ?

— Oui ! Mais ce n'est pas la question !

— Si ! Tu m'en veux tellement, que tu te laisses aveugler par la rancœur que tu as envers moi, au lieu, de laisser une chance à cette ravissante tenue !


Elle a peut-être raison, mais je n'ai pas l'intention de céder. J'ai mes principes ! Elle aurait dû prendre ma défense, et non celle de l'autre ! En plus, elle est censée le détester. Alors pourquoi elle m'a fait ça ?


— Dis-moi qu'est-ce qui te fait aussi peur ? Tu es déjà sortie avec lui, et tout s'est bien passé !


Ce n'est pas le problème ! J'ai mes raisons !


— Tu ne m'aurais pas menti ? m'accuse t-elle maintenant.

— Bien sûr que non ! je m'emporte un peu trop.


Ce n'est pas dans mes habitudes de m'en prendre à ma sœur. Finalement, elle n'y est pour rien. Je suis seulement nerveuse. Je ne veux pas tout gâcher ! Et pourtant, je sais pertinemment que cela n'aboutira à rien ! Ma relation avec Abel se terminera, avant même d'avoir débutée réellement. Il n'est pas fait pour moi !


— C'est une erreur, c'est tout !

— Non ! Tu es amoureuse ! Tu dois aller jusqu'au bout et voir ce que ça donne entre vous ! Je sais que cela peut être terrifiant, mais...

— Lili ! Il me quittera à la minute, où il verra mon vrai visage !

— Peut-être... Mais en attendant, profite ! Tu as le droit d'être heureuse !

— Pour mieux souffrir après ? Non merci !

— Je ne sais pas ce qu'il ressent pour toi, mais je suis certaine, et ce n'est pas coutume, qu'il n'est vraiment pas indifférent à ton charme. Tu lui plais ! Et ce n'est pas seulement physique ! Lorsque vos regards se sont croisés, dimanche, j'ai décelé de part et d'autre beaucoup d'affection, ainsi que de l'attirance, ce que je n'avais pas perçu lors du premier dîner en votre compagnie...

— Je t'arrête tout de suite ! Il ne se passera jamais rien entre lui et moi !

— Seulement, si tu ne le souhaites pas !

— Tu veux me voir souffrir ?

— Inès, tu vas du principe qu'il va te briser le cœur ! Mais tu n'en sais rien !


C'est le monde à l'envers ! Où est passée ma sœurette adorée ? Celle qui ne jurait que pour les coups d'un soir, celle qui ne voulait pas de liaison sérieuse, celle qui insistait avec moi, que les hommes étaient tous des crétins sans cervelle... Que lui est-il arrivé ?


— Ne me regarde pas comme ça ! Je sais, tu te demande ce qui m'arrive ? Je n'ai pas changé, je crois toujours que la plupart des mecs sont des abrutis finis, mais Abel, je ne sais pas..., il m'inspire confiance ! Que veux-tu ?

— Moi ? Rien ! Je constate que tu deviens un peu plus mature !


Et c'est complètement déroutant pour moi ! Ma petite sœur devient une grande fille, une véritable jeune femme. J'aimerais tellement en dire autant de moi ? J'ai l'impression qu'en matière d'amour je n'y connais rien, je suis une vraie adolescente ! J'ai peur de ce qui peut se produire, et que je ne contrôle plus rien !


— Tu dois laisser parler ton cœur Inès ! L'amour est ainsi fait ! On ne sait jamais ce que l'on va récolter avant d'avoir semé... Tente ta chance ! Qu'est-ce que tu risques ? OK ! De le perdre. Mais, tu peux également être heureuse à ses côtés. Tu n'en sais rien ! Du moins pas avant d'avoir essayé, tout comme cette robe ! revient-elle à la charge avec son bout de tissu rouge, en me le pointant du doigt.


Je pensais m'en être débarrassée en la mettant à l'autre bout de mon lit, mais non, elle est bien plus maligne que j'aurais pu l'imaginer. Liliana n'est pas du style à baisser les bras aussi facilement.


— Ding ! Dong ! se met la sonnette de l'entrée à retentir dans toute la maison.


Ma sœur et moi, on se regarde, se demandant qui cela peut bien être ?


— Je vais ouvrir ! je prononce en me faufilant dans le couloir.


Mais Lili me suit de près. Serait-ce quelqu'un pour elle ? Aurait-elle oublié de m'avouer quelque chose ?


— Je suis assez grande pour aller ouvrir la porte toute seule !

— Je veux seulement connaître la personne qui vient nous interrompre, chez nous, sans y être invité ! m'annonce t-elle le plus naturellement du monde.


Bref ! Je n'y prête pas plus attention que ça et file vers le hall, avec ma sœur derrière le dos. Quand j'ouvre finalement la porte d'entrée, je suis stupéfaite !


— Abel ! 





Publié le mercredi 8 mai 2019


ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant