ABEL ET LA BÊTE

33 suite

Inès (la bête)

Je suis installée confortablement dans son bolide, attendant qu'il se décide à parler, mais rien ! Il préfère garder le silence sur l'endroit où il m'emmène.

J'ai été complètement abasourdie de le voir à la maison si tôt, et carrément sur le cul, quand j'ai découvert qu'il avait manigancé tout ça avec ma sœur. Car si moi, j'ai été sidérée de voir Abel à vingt heures sur le pas de ma porte, Lili, elle, en revanche, n'était pas du tout étonnée qu'il soit là.

— Tu es encore fâchée de ma venue impromptue ? Je pensais sincèrement qu'elle allait t'en parler ! ouvre t-il enfin sa sensuelle bouche.

Je dois arrêter ça tout de suite ! Je ne vais pas tenir la soirée sinon. Je ne dois pas oublier qu'il m'a joué un mauvais tour, avec l'aide de ma sœur cadette.

— Dis-moi, où on va, et peut-être je te pardonnerais ?

— C'est une surprise ! On est bientôt arrivé !

— Je déteste les surprises !

— Oui, tu aimes pouvoir tout contrôler, je sais ! Mais tu dois me faire confiance ?

Ah ! Ah ! Ah ! Il est très drôle ! Comment lui faire confiance, alors qu'il m'a menti, avec la complicité de Liliana en plus ? Je ne peux pas ! Il va falloir qu'il me prouve que cette mascarade en valait vraiment la peine, car sinon, je crois qu'il peut aller voir ailleurs si j'y suis ! J'en ai marre d'être considéré comme un pantin dans les mains des autres.

— Inès ? Nous sommes arrivés ! me sort-il de mes pensées.

Quand je lève ma tête pour voir où nous sommes, je suis agréablement surprise de constater qu'il m'a emmené chez ma marraine, plus précisément la sienne. Je ne peux m'empêcher de sourire, ce qu'il remarque instantanément.

— Je suis heureux de voir que ma surprise te plaît ! Allons dîner, tu veux bien ?

Je hoche ma tête pour toute réponse. Il sort de sa voiture, puis la contourne, afin de venir m'ouvrir la portière comme un vrai gentleman. Je tente difficilement d'en sortir, ma robe étant trop serrée à mon corps, ma jupe remonte vers mes fesses, à chacun de mes mouvements. Je ne sais toujours pas, comment Lili a réussi à me convaincre, de porter ce petit bout de tissu rouge ? Demain, elle va passer un sale quart d'heure !

***

Tout est parfait ! Il a réservé ma table, près de la baie vitrée, où l'on peut voir une magnifique vue de la ville. Je ne me lasserai jamais de ce paysage, il me repose l'esprit. Quand je ne vais pas bien, je viens ici, et tous mes problèmes s'évanouissent dans la nature l'espace d'un bon déjeuner ou un dîner. Alors que Faro parle avec le serveur, moi, je profite de ce moment pour m'apaiser. J'en ai grandement besoin, surtout aujourd'hui, mes nerfs sont à vif.

— Inès ? Tu m'écoutes ? m'interpelle Abel, me sortant de mes pensées.

— Désolée ! Tu disais ?

— Je nous ai commandé la surprise du chef, j'espère que ça te convient ?

Moi, qui n'aime pas les surprises, je suis gâtée ce soir. Mais je ne m'inquiète pas plus que ça, il semble vouloir me faire plaisir.