ABEL ET LA BÊTE

Épilogue (fin de l'histoire)

Inès 

— Tout va bien ?

Depuis que nous sommes arrivés ici, il parait nerveux. La beauté des lieux n'y change rien et ne semble même pas l'intéresser.

Pourtant, cet édifice de plus de trois cents ans est majestueux et incroyablement magnifique. Je comprends à présent l'engouement des touristes, le culte que les gens de ce pays portent au Taj Mahal. Ce monument a lui seul représente à la perfection, selon moi, l'amour. Seule une personne amoureuse peut faire bâtir un tel chef d'œuvre. Une tombe pour l'être aimé tout simplement extraordinaire, splendide.

— Viens par ici ! me pousse Abel vers la sortie.

— Tu veux déjà partir ? je le retiens dans sa tentative.

— Viens et ne pose pas de question !

Qu'est-ce qu'il lui prend ? Qu'est-ce qu'il manigance encore ? Il sait que je n'aime pas les surprises, surtout celles qui ne sont pas réfléchies, prises sur un coup de tête.

Je ne peux effacer de mon esprit, la visite de la Tour Eiffel à Paris. Il a décidé qu'il voulait monter jusqu'au dernier étage, alors que je lui ai annoncé juste avant, que j'avais un peu le vertige quand je suis trop en hauteur. Mais il ne m'a pas écouté et mon arrivée à près de 300 mètres d'hauteur, j'ai vomi tout mon quatre heure. Ce n'est pas une blague, on avait acheté des macarons une heure avant, que j'ai littéralement dégurgité à plus de 200 mètres du sol. Je crois que ça restera gravé dans ma mémoire, ainsi que dans celle d'Abel. La honte !

— Qu'as-tu encore prévu ?

— Rien qui ne puisse pas te faire plaisir ! dit-il très confiant avant de rajouter avec une pointe d'inquiétude : Je l'espère...

Il me prend par la main et nous descendons la cour, puis il s'arrête et me scrute de ses beaux yeux, d'un air très soucieux. Ne me dîtes pas qu'il va me... ? Non ! Il ne va pas me faire ça, maintenant, ici, dans ce lieu... S'il voulait me quitter, il l'aurait fait ce matin à l'hôtel, à l'abri des regards.

Non ! Réfléchis bécasse ! Il vient de dire que cela irait me plaire... Donc, c'est sûrement quelque chose que je désire, mais quoi ?

Il me contemple toujours sans dire un mot, puis il se tourne vers l'imposant monument en proclamant :

— Oui, c'est le bon moment !

Le bon moment pour faire quoi ?

Je constate seulement que les gens qui défilaient comme des fourmis, il y a peu, semblent tout d'un coup pris de paralysie, et nous fixent avec d'énormes sourires. Je reviens vers mon homme, que je surprends en train de mettre un genou à terre.

Non ! Pas possible ! Je dois être en train de rêver, ce n'est pas possible autrement. Qu'on me réveille ! Je me pince le bras droit et un bruit de douleur sort de ma bouche :

— Aie !

Comment je peux me retrouver dans cette situation que je n'ai pas vu venir ? Il y a deux jours encore, il ne voulait pas entendre le mot mariage. Que lui est-il arrivé pour qu'il change d'avis ?