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Inès (la bête)


— Inès ! Tu ne peux pas rester enfouis dans ton lit pour l'éternité ! Aller vient, on sort !

— Non !


Je n'ai aucune envie de sortir. Depuis vendredi, depuis la peur de ma vie, ne rigoler pas, j'ai réellement cru que c'était la fin, je refuse de quitter ma chambre. Ici, rien de mal ne peut m'arriver. Je suis en sécurité. Du moins, tant que je prends mes cachets.


— Ton visage est redevenu normal ! Tu peux à nouveau remettre ta crème miracle !

— Celle qui m'a fait devenir monstrueuse, celle qui m'a fait devenir complètement folle, celle qui...

— Stop ! Tu sais pertinemment que ce n'est pas ça, qui a provoqué ta crise de panique ! Tu étais trop nerveuse depuis quelques temps. Il faut que tu te calmes !

— Plus facile à dire qu'à faire ! Je voudrais bien t'y voir !


Sérieusement, c'est elle qui m'a mise dans cet état. Si elle et mon père n'avait pas eu l'idée de me présenter à Abel, rien de tout cela ne se serait produit.

Sincèrement, j'ai pensé que mon heure avait sonné ! Je ne me voyais pas vivre après cet affreux événement. A mon réveil, j'étais certaine d'être au paradis ! C'est seulement quand j'ai entendu la voix de mon père que j'ai réalisé que j'étais toujours parmi eux et que cela voulait dire que mes problèmes étaient toujours d'actualité. Je ne sais pas comment m'extraire de cette situation, sans en souffrir... Et tant que je ne le saurais pas, je resterais ici enfermée dans l'attente qu'une idée me vienne.

Cette catastrophe aurait pu être évité, si j'avais eu le courage de m'afficher telle que je suis réellement devant les Faro. Je suis une idiote !


— Ton problème, c'est que tu es une sainte ! Tu ne peux pas vivre avec des secrets ! Il faut tout lui avouer avant que tu reperdes pieds !

— Tu te trompes ! Je ne suis pas une sainte ! Je suis le diable en personne !


Qui ment ! Qui triche ! Qui trompe ! Ce sont des gens stupides, ingrats, cupides, méchants, malhonnêtes... tout ce que j'ai essayé de ne pas être. Et finalement, je suis comme eux ! Qu'est-ce qui m'a pris ? Je n'étais pas ainsi ! Comment réparer mes erreurs ? Il y a qu'un moyen, et je sais comment ça va se terminer malheureusement.


— Arrêtes tes bêtises ! Si toi tu es un diable, moi je suis quoi ?

— Un démon ! insinue David en entrant dans ma chambre sans même y être invité.

— Oui ! Et je vais t'anéantir ! plaisante t-elle en regardant fixement mon meilleur ami.

— Je ne vis que pour ça ! réplique t-il.


Ils n'ont vraiment que ça à faire ? Rigoler ! Alors, que moi, mon cœur, non, toute ma vie est en miette. Quel genre d'amis, ils sont ? Je décide de les laisser à leurs âneries et me cache sous ma couette, jusqu'au moment où j'entends Lili gronder David pour son retard.


— C'est à cette heure-ci que tu viens ! Je t'ai appelé, il y a plus de trois heures ! Tu devais m'aider à la sortir d'ici !

— J'ai fait au plus vite ! J'avais des engagements, je te signale ! se justifie t-il.


Mais ce qu'il ignore, c'est qu'avec ma sœur, c'est peine perdue ! Il doit accourir quand elle appelle, sinon, il peut toujours attendre pour être dans ses bonnes grâces.

ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant