Chapitre 8

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   Après une nuit agitée et un réveil difficile, j'enfile en hâte mon éternel jean slim bleu et un sweat gris, mes Stan Smith aux pieds, puis pars pour la fac. J'ai passé le reste de mon dimanche dans un état léthargique, et ma morosité s'est amplifiée au fil des heures qui passaient sans nouvelles de Kyle. Je n'ai même pas réussi à effectuer mon deuxième entraînement quotidien, comme je le fais normalement tous les week-ends. Je m'en veux tellement d'avoir pris ce simple baiser pour plus que ce qu'il ne représentait vraiment. Surtout après le discours de Morgane qui a fini de retirer le peu de crédulité qui me restait par rapport à cette situation.

Deux jours sans aucune nouvelle, il me semble qu'il n'y a pas besoin de me faire un dessin. Mais ça me bouffe à l'intérieur. C'est totalement paradoxal. Je tente de résister à cette attirance indéniable que j'ai pour ce garçon au regard ensorcelant, et lorsque celui-ci me facilite la tâche en me mettant à distance, je ne demande qu'à m'engluer davantage dans cette absurde obsession.

Lorsque nous sortons de cours avec Morgane, Kyle n'est pas là. Je ne sais pas si je dois en être soulagée ou déçue. Sournois paradoxe, encore et toujours. Je respire profondément pour essayer de maîtriser le tremblement de mes mains. Comment fait-il pour me mettre dans un état pareil, alors qu'on se connaît à peine, et qu'il n'est même pas devant moi ? Morgane me propose d'aller boire un café, ce qui est devenu notre petite routine, mais je refuse, prétextant un rendez-vous important chez un spécialiste lambda.

Alors que je passe la sortie du bâtiment, mon cœur fait des siennes en apercevant Kyle adossé au mur. Il parle avec un autre étudiant en train de fumer une cigarette et... la brune pulpeuse avec qui il traînait durant la soirée d'anniversaire de Morgane. Je me sens tout à coup humiliée, honteuse d'être ce que je suis, et aussi en colère. Je préfère partir dans la direction opposée et ne pas avoir à les affronter, lui, son regard condescendant et ses mots blessants qu'il me dira sûrement pour m'expliquer son erreur commise avec moi vendredi soir. Ou pire, s'il m'ignore.

— Eh, Alice !

La voix de Kyle me fait tressaillir. Est-ce que je dois me retourner ? Après quelques pas supplémentaires, je cède, trop curieuse, ou idiote pour me l'interdire. Il s'avance vers moi tout en demandant à ses potes de l'attendre.

— J'en ai pour deux secondes, leur affirme-t-il.

Lorsqu'il me rejoint, il m'interroge d'un air désinvolte :

— Qu'est-ce qui t'arrives ? Tu dis pas bonjour ?

— Qu'est-ce qui m'arrive ?

— Ouais, t'as l'air furieuse. Qu'est-ce qui te prends ?

– T'es sérieux?

Je darde un regard amer à la brunette, qui, elle, est tout sourire, avant de poursuivre:

– J'ai juste du mal à te suivre Kyle. Un jour tu m'embrasses, et ensuite... ensuite plus de nouvelles... Je ne sais pas ce que tu cherches au juste.

Je n'arrive pas à lire l'expression qui passe alors sur son visage. Mais rapidement, j'y décèle une espèce d'arrogance, je crois. Il passe la main dans ses cheveux noirs presque trop longs, avant de me lancer :

– Oh c'est bon, tu vas pas en faire tout un plat! Tu t'attendais à quoi au juste? Putain, heureusement que je t'ai pas baisée.

– Quoi ?

L'espace d'un instant, je reste là, bloquée, la bouche en O, figée comme une poupée dont la clé dans le dos serait enrayée. Une claque aurait été moins douloureuse. Me revoilà plongée dans mes angoisses liées à cette période horrible qu'était le lycée. Ce n'est pas possible. Je dois certainement faire erreur. Il doit avoir un frère jumeau. Ça ne peut pas être le garçon si gentil avec qui j'ai passé deux soirées géniales.

Dans tes RêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant