Aujourd'hui, c'est le marathon de Paris. Comme chaque année au mois d'avril.
Cette journée qui devait marquer une étape essentielle dans mon parcours de sportive. Je contiens mes larmes de toutes mes forces, me sentant tout à coup impuissante face à la situation que je subis depuis déjà plus de deux mois. La plupart du temps, je relève la tête et avance avec conviction, avec le soutien de mon entourage. Mais pas aujourd'hui.
Je devais passer cette journée chez mes parents, ma mère ayant insisté pour qu'on se voie après ces quinze jours loin d'eux. Autant dire que je n'étais pas vraiment enthousiaste à l'idée de me retrouver de nouveau à la Ferté. Mes colocs en ont d'ailleurs fait les frais ces derniers jours, obligés de supporter mon humeur boudeuse.
Mais à mon grand soulagement, maman m'a appelée au dernier moment, ayant décidé de changer les plans. Papa, Clément et elle m'ont finalement fait la surprise de se déplacer sur Paris pour un petit brunch dans une brasserie à Nation, tout près de l'appartement. J'avoue que cela m'a énormément soulagée. L'idée de les voir une ou deux heures, ne pas avoir à retourner dans cette maison qui a été ma cage pendant plus de six semaines, me paraissait bien plus agréable.
Et ce le fut. Nous avons passé un moment détendu, comme ça n'a jamais été le cas durant l'intégralité de mon séjour chez eux. Peut-être est-ce le fait qu'on était en terrain neutre, dans ce petit troquet à l'ambiance chaleureuse, ou parce que je me sens beaucoup mieux depuis que je suis revenue sur Paris, auprès de Kyle et mes amis. J'ai même presque réussi à oublier un moment que nous étions en plein coeur du marathon. Si ce n'était tous ces écrans me rappelant que certains avaient déjà terminés leur challenge...
C'est à cause de cela que j'ai finalement décidé d'écourter ce moment en famille, trop engoncée dans mes ressentiments. Et lorsque nous sommes sortis du restaurant, que j'ai dit au revoir à mes parents et mon frère qui repartaient à La Ferté, la vague de découragement a poursuivi son avancée dans les méandres de mes pensées, sur le point de me submerger.
J'ai décidé de rentrer aussitôt pour me pelotonner sous la couette, et n'en sortir, éventuellement, que dans la soirée lorsque Kyle sera rentré, et que cette satanée course sera terminée.
Lorsque j'ai quitté l'appartement en fin de matinée pour rejoindre ma famille, Kyle était déjà parti à Meudon chez son oncle, et Cara et Martin dormaient toujours, d'après le silence qui régnait dans les lieux.
Aussi, lorsque j'ouvre la porte d'entrée, je m'attends à retrouver le calme dans lequel j'ai laissé mon nouveau chez moi quelques heures auparavant. Pourtant, à peine les yeux posés à l'intérieur que je suis tentée de déguerpir sur le champ.
Oh. My ! Je m'attendais à tout sauf à ça. Totalement perdue, l'espace d'un instant je me demande si je ne me suis pas trompée d'endroit. Je me sens presque trahie en croisant le regard de la dernière personne que je m'attendais à voir ici et maintenant, braqué sur moi comme celui d'un lapin pris dans les phares d'une voiture. En caleçon, au milieu du couloir.
— Alice, euh... Désolé, je... je...
Et puis Cara qui sort de sa chambre juste vêtue d'une serviette enroulée autour du corps. C'est la première fois depuis que je la connais que je la vois embarrassée. Elle me regarde avec un petit sourire, toute penaude.
— Oops... tu es rentrée plus tôt ?
— Qu'est-ce que... bredouillé-je, en tentant d'assembler ce que je vois.
— I'm so sorry Alice* ! J'aurais dû t'en parler plus tôt... [*je suis vraiment désolée Alice]
Elle attrape la main de Hugo, toujours en caleçon, qui n'ose plus bouger d'un millimètre depuis que je l'ai surpris, et mes yeux s'arrondissent, visualisant ce que je viens de comprendre en ouvrant cette porte sur lui.
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Dans tes Rêves
RomanceAlice est en deuxième année à l'université, à Paris. Entre la fac, le travail, et sa passion, elle n'a ni le temps, ni l'envie de se laisser aller aux plaisirs de la vie étudiante. Elle a un rêve à accomplir et elle s'en donne les moyens. Pourtant...