Ce baiser m'étourdit un peu trop. Est-ce mon souffle ou le fil de mes idées que j'ai perdu en premier? Sûrement un peu des deux. Kyle finit par se dégager, abandonnant mes lèvres attisées par ce contact si sensuel, et me laisse respirer. J'avais oublié, l'espace de ces quelques secondes, que c'était vital. Il arrime de nouveau son regard au mien, glisse une de ses mains derrière ma nuque, le bout de ses doigts perdus dans mes cheveux, et je sens l'autre serpenter sur la courbure de mon dos, pour finir par s'agripper à mes reins. Cette fois, c'est moi qui vais chercher ses lèvres avec les miennes. J'en veux plus. Alors, je les entrouvre légèrement pour avoir de nouveau le plaisir de goûter sa langue. Et mon bas ventre papillonne et brûle tout à la fois à ce contact tellement charnel. Je sens nos respirations s'accélérer, les battements du coeur de l'un tambourinant contre la poitrine de l'autre. Et je me fais plus impatiente, plus frénétique dans mon étreinte. Je le ressens chez lui aussi. Dans ses gestes, ses baisers.
Jusqu'à ce que, subitement, il me donne l'impression de s'éloigner, se freiner. Me freiner. Il s'écarte de nouveau, ses yeux pénétrants m'observent un moment, il me retire délicatement une mèche de cheveux égarée sur mon visage pour la repousser vers l'arrière, et me souffle:
– Je ferais bien d'y aller.
Non, non, non. J'ai tout à coup très envie de m'assoir sur mes principes de précautions, et l'inviter à passer la nuit chez moi. Je sais que je vais pourtant le regretter et angoisser, mais je veux quand même lui proposer avant de trop y réfléchir:
– Tu pourrais peut-être...
Il ne peut pas passer à côté de mon expression désespérée à ces mots.
– Je pourrais peut-être...? répète-t-il avec un sourire en coin qui me fait craquer.
– ... monter?
– Eh bien eh bien, il me semblait avoir été prévenu que ce genre de proposition serait indécente.
– Eh bien, j'ai peut-être changé d'avis.
Impossible de détacher nos regards l'un de l'autre. Il a l'air d'hésiter, et hésiter encore. Il finit cependant par me répondre, après un soupir.
– Hmmm... c'est très tentant shit, tu ne peux pas savoir à quel point c'est tentant. Mais je vais rentrer.
Non! je suis plus que déçue. Et embarrassée aussi. Il ne veut pas monter. Il. ne.veut.pas.monter. Qu'est que j'ai fait? Je ne lui plaît pas assez pour qu'il veuille rester. Ou il se la joue peut-être gentleman? Non, pas lui... Est-ce qu'il me cacherait quelque chose? Une petite amie secrète? Je me fais violence pour ne pas insister. Et puis de toute manière, il ne vaut mieux pas. Ce genre de décision irréfléchie n'est pas pour moi.
– Bon. comme tu veux, dis-je en baissant le regard.
– Je veux juste ne pas profiter de la situation, tu comprends?
– Oui, oui, je comprends.
Non, en fait je ne comprends pas. Tu me donnes une excuse à la con parce que tu n'a pas envie de moi comme j'ai envie de toi. Même si quelque part, je crois que son refus me soulage. Je regrette déjà ma proposition, de toute manière. Il me relève de nouveau le menton, semble hésiter encore une fois, et m'embrasse de plusieurs petits baisers chastes.
– J'ai passé une très bonne soirée, me dit-il.
Il a l'air sincère. Mais alors pourquoi part-il?
– Moi aussi.
Et j'ajoute après une pause:
– A plus?
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Dans tes Rêves
RomansaAlice est en deuxième année à l'université, à Paris. Entre la fac, le travail, et sa passion, elle n'a ni le temps, ni l'envie de se laisser aller aux plaisirs de la vie étudiante. Elle a un rêve à accomplir et elle s'en donne les moyens. Pourtant...