Chapitre 10

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   Nous arrivons dans un petit hall d'entrée, duquel on aperçoit, par une grande ouverture, une partie du salon. C'est un appartement typiquement parisien, comme je les adore, avec du plancher sombre au sol, des moulures qui courent en haut des murs blancs, d'autres s'accrochant aux encadrements des portes. J'aperçois une cheminée qui ne fonctionne plus dans le séjour, et je n'ai pas besoin d'une visite guidée pour savoir qu'il y en a une dans chaque pièce. Tout comme les grandes et longues fenêtres à gros carreaux, se dressant pratiquement du sol au plafond. Il y a toujours une ambiance réconfortante dans ces appartements, certainement grâce à tous ces petits détails parfaitement agencés ensemble. 

On entend le bruit d'une télévision, et aperçoit des lumières d'écran dans la pénombre, en provenance du salon.

– Bon, désolé, mais on doit retirer ses chaussures ici.

Il paraît un peu gêné, se passe une main sur la nuque, la tête légèrement penché sur le côté.

– Cara... ma coloc, nous gueule dessus sinon.

Malgré le reste de malaise qui me reste de ma petite crise de panique, je ne peux m'empêcher de le trouver adorablement craquant lorsqu'il tente de se justifier. Je le sors de ce mauvais pas et lui assure d'un ton qui se veut léger, un petit sourire en coin se dessinant sur ma bouche, que ça ne pose aucun problème. Je m'appuie alors sur le chambranle sans porte qui marque l'entrée du salon, et retire mes Stan Smith blanches d'une main.

– J'espère que tu n'as pas mis la mauvaise paire de chaussettes ce matin, celle avec le trou où dépasse ton gros orteil, me dit-il.

Je glousse un peu trop fort.

– Non, non. pas d'inquiétude. Et je crois que normalement, je ne sens pas mauvais des pieds non plus.

– Même après avoir couru le marathon? me demande-t-il en enlevant à son tour ses sneakers grises et blanches. Impossible, je ne te crois pas.

– Si, si, je lui mens, le visage qui s'empourpre un peu.

Je suis en train de prier pour qu'il ne s'en aperçoive pas, lorsque je baisse les yeux sur ses pieds, et aperçois un tout petit trou, sur l'avant de sa chaussette, au milieu, laissant entrevoir la peau d'un de ses petits orteils. Après avoir suivi mon regard, il les fait bouger plusieurs fois en les soulevant du sol, les sourcils légèrement froncés. Puis avec un sourire jusqu'aux oreilles se diffusant sur tout le visage tout à coup plein de candeur, il me dit:

– Apparemment, j'ai mis la mauvaise paire de chaussettes.

Et on rit tous les deux.

– Allez, viens.

Il se dirige vers le bruit venant du salon. Tandis que je suis sur ses talons, chacun de mes pas fait grincer le vieux parquet parfaitement ciré. Kyle me guide vers l'endroit animé, où nous trouvons un jeune homme en train de fumer sur une vapoteuse, avachi sur un canapé d'angle. Il est en train de regarder un film d'action je présume, au vu des voitures et motos qui défilent à toute vitesse sur l'écran d'une immense télévision.

– Mec.

– Hé, Kyle.

Sûrement son colocataire espagnol. Il se tourne succinctement vers nous.

– Et salut...?

Il me regarde attendant certainement que je me présente.

– Alice.

– Salut Alice, moi c'est Martin.

Plus de doute, c'est son colocataire espagnol. Il a un accent qui le trahit juste avec ces quelques mots prononcés. Une masse de cheveux châtains complètement en bataille lui couvre le front, des sourcils très épais se dessinent au dessus de ses yeux sombres, et une barbe de quelques jours lui cache le bas du visage. Malgré cela, je lui trouve beaucoup de charme. Il se relève, pose un genou sur le canapé et me tend la main par dessus l'accoudoir. Je la serre et réponds:

Dans tes RêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant