KYLE
Shit, I fucked up really bad [j'ai vraiment merdé]. Je suis un abruti. Comment j'ai fait pour en arriver là ? J'étais décidé à éloigner Alice de mes problèmes pour la préserver. Mais lorsque je la vois vivre sans moi, ça me rend complètement dingue. Damn, j'aurais envie qu'on recommence comme avant. Avant que mon passé me rattrape. Elle me manque. Rien que d'y penser, j'en ai les tripes qui se retournent.
J'aurais dû tout lui raconter au lieu de jouer au con et la blesser un peu plus à chaque fois que je la vois. Mais je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi. Ca me fait trop flipper. Parce que le jour où elle apprendra mes erreurs, où elle comprendra que je n'ai rien fait pour aider mon frère alors que depuis des mois il était déjà accro à ses cachetons, où elle saura que mon ex m'accuse d'agression sexuelle et que j'ai en partie cédé à son chantage pour qu'elle retire sa plainte, elle ne pourra plus me regarder en face. Je la dégoûterai.
Plus personne ne croit en moi. Même ma mère doute de ma sincérité. Personne ne peut m'aider. Personne. Même pas Alice. Surtout pas elle après ce qu'elle a vécu. Si elle apprend de quoi m'accuse Amber, elle aura peur de moi. Et ça, je ne le supporterais pas. Je préfère encore qu'elle me déteste.
Mais même si ma décision est prise, même si je veux la tenir à l'écart de tout ce merdier, impossible d'accepter qu'Alice ne soit plus mienne. Et la savoir encore amoureuse de moi me soulage beaucoup trop. J'ai un putain de problème, j'en suis bien conscient. Je ferai peut-être mieux de repartir, ce serait plus simple pour tous les deux...
Elle vient de me cracher sa colère au visage. Je l'ai bien mérité après mon coup de jalousie, en feignant de tourner autour de Mélanie. Encore ma putain de fierté mal placée. Qu'est-ce que j'en ai à foutre de Mélanie ? Si Alice savait à quel point je pense à elle jour et nuit. Il n'y a pas un soir avant de me coucher, un matin où ma première pensée ne lui appartient pas. Tous les jours je suis sur le point de la supplier de me reprendre. Et tous les jours les visages de mon frère, d'Amber et tous ceux qui font partie de ma vie californienne me rappelle que je ne suis pas à ma place ici.
Pourtant, lorsque j'aperçois Alice, lorsqu'on s'échange un regard, quelques mots, j'ai juste envie de la prendre dans mes bras et ne plus la lâcher. Mais elle est trop fragile. Et moi je la bousille un peu plus à chaque fois qu'on se voit.
Fuck, et là, lorsque je l'ai vue en rogne, j'aurais voulu l'emmener chez moi et m'enfouir en elle. Elle est belle quand elle est en colère, damn shit. Tout mon paradoxe est là devant mes yeux lorsqu'elle est furieuse contre moi. Parce que ça veut dire qu'elle tient encore à moi. Je suis un putain d'égoïste.
Plus que la fureur, ce que j'ai vu dans ses yeux ce matin, c'est aussi de la douleur. Le fait que j'en sois le responsable me bute. Mais j'ai pris ma décision. Maintenant je ne peux plus reculer. Il faut vraiment que je m'éloigne d'elle pour arrêter ces conneries.
Après les cours, je la cherche des yeux. Si j'avais eu la chance de l'apercevoir, je n'aurais pas résisté à lui demander d'accepter mes excuses. A lui dire que je l'aime encore comme un dingue, mais que je suis trop con pour préserver la seule chose de bien qui me soit arrivée depuis des mois. Et que Mélanie ou n'importe quelle autre fille n'existe pas à mes yeux. Je ne crois même pas que je serais capable de bander à leurs côtés.
Je finis par rentrer chez moi. La porte d'entrée passée, je me dirige droit vers la cuisine pour me faire un sandwich. Martin est attablé en train de manger un bol de céréales. A treize heures. Normal.
— Damn, tu viens à peine de te lever ?
— Tu sais ce que c'est, les thésards. C'est pas pour rien qu'on a trois ans pour pondre une merde.

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Dans tes Rêves
RomanceAlice est en deuxième année à l'université, à Paris. Entre la fac, le travail, et sa passion, elle n'a ni le temps, ni l'envie de se laisser aller aux plaisirs de la vie étudiante. Elle a un rêve à accomplir et elle s'en donne les moyens. Pourtant...