Dans tes Rêves

Chapitre 36

Comme tous les mercredis après-midi, nous partons à Porte Dorée pour aller nous entraîner. Dans le métro, je sens Kyle gagné par sa mauvaise humeur et son air maussade. J'essaie tout de même d'engager la conversation.

- Je me suis inscrite à une course.

- Quoi?

Il a l'air presque en colère. Qu'est-ce qui lui arrive?

- J'ai du mal à me motiver en ce moment, alors Axel m'a suggéré de m'inscrire à un petit marathon. Ca fait un moment que je n'en ai pas fait. Du coup, je me suis inscrite à celui de Cernay-la-Ville, pas trop loin de Paris, le 6 janvier.

Il souffle avant de rétorquer à mi-mot:

- Comme si t'en faisais pas assez, déjà, fuck!

Je fronce les sourcils. J'ai dû mal entendre...

- Pardon?

- Rien, rétorque-t-il sur un ton qui voudrait couper court à cette discussion mal engagée.

- Je t'ai entendu, tu sais?

- Damn! T'as vu ton état de fatigue, déjà? On arrive à peine à se voir et toi tu te rajoutes des merdes pareilles!

Je suis choquée. C'est la première fois qu'il s'énerve ainsi contre moi. Je ne comprends vraiment pas sa réaction. Qu'est-ce qu'il veut, que j'arrête tout pour Monsieur Beau Gosse? Surtout après ses révélations il y a tout juste deux semaines? Je suis bien obligée de continuer ma vie, avec ou sans lui.

- Excuse-moi d'essayer d'accomplir mes rêves!

Ni lui ni moi n'ajoutons un mot. Il garde le regard bas, les sourcils presque accolés l'un à l'autre, tellement il est tendu. Au bout d'un moment, il a l'air de se radoucir un peu.

- T'as raison, souffle-t-il finalement. Je suis désolé, je suis un peu... fatigué.

Il ne me regarde toujours pas.

- Tu veux rentrer? lui proposé-je.

- Non, non. Ca va.

Il finit tout de même par m'enlacer, et m'embrasse au niveau de la tempe.

Durant le reste du trajet, la tension a un peu baissé, mais elle est toujours là, presque palpable. Je ne comprends pas cette distance qui s'immisce entre nous. Enfin... Je me dis que comme moi, il doit certainement être vraiment vanné.

A la sortie du métro, nous prenons chacun un chemin différent, moi vers le bois pour courir, lui vers les terrains de basket. Je le rejoins comme à mon habitude une fois mon entraînement achevé. Je m'assois sur le bord du terrain, et ne lâche pas des yeux mon dribbleur à moi, me délectant du spectacle de muscles et de souplesse qu'il m'offre. Je suis prête à parier que mes pupilles sont en forme d'énorme coeur, à la manière des Tex Avery.

Mais voilà. Il faut qu'on vienne me déranger.

- Salut!

Je me tourne vers le garçon qui vient de s'asseoir à mes côtés, pour le saluer à mon tour, poliment. Grand, costaud, habillé comme la plupart des gens autour de moi de la tenue adéquate d'un joueur de basket.

- Ca fait plusieurs fois que je te vois ici.

Moi pas...

- Tu aimes le basket, on dirait? ajoute-t-il.

- Euh oui, j'aime bien regarder mon copain jouer, dis-je avec un mouvement de tête vers Kyle.

- Ah, OK.