Deux jours plus tard, je suis sur le chemin de la fac. Mon emploi du temps surchargé a été pire depuis que j'ai dit au revoir, définitivement, à mon prince charmant. J'ai essayé de n'avoir aucun moment de vide, pensant que ces journées tellement remplies m'éviteraient de gamberger à son propos, et me permettraient de m'endormir à l'instant où je me coucherais. Ca se saurait si c'était aussi simple.
Je n'ai, bien entendu, pas pu éloigner les pensées qui tournaient en boucle dans ma tête et me dévoraient le ventre, ni les rêves qui me surprenaient la nuit et me tourmentaient jusqu'à l'insomnie. La technique de Kyle, consistant à "ne pas réfléchir" ne fonctionne absolument pas pour moi. C'est encore pire qu'avant. Bien sûr que c'est pire! Comment ai-je pu être aussi sotte et crédule? Et imaginer que je pourrais oublier cette obsession qui n'avait pas besoin de cette soirée supplémentaire avec lui pour m'éroder un peu plus?
Bien entendu, je ne lui ai envoyé aucun message, et n'en ai pas reçu non plus de sa part. C'est terminé. Proprement terminé. Et pour le mieux.
Evidemment, ça ne va pas me dispenser de subir la situation, au vu de ce que j'aperçois devant la faculté. Ou plutôt de qui j'aperçois. Il est avec deux autres étudiants que je ne connais pas. Je passe devant eux en le saluant cordialement. Il me retourne la politesse.
– Ca va?
– Oui, merci. A plus.
Et je m'enfuis, cachée derrière mes cheveux couleur miel, qui tombent lourdement devant mon visage lorsque je détourne la tête. J'accélère ma cadence, et, alors que je suis sur le point d'entrer dans le bâtiment où j'ai cours, j'entends un des garçons demander:
– Tu la connais? C'est pas celle que tu t'es tapée hier soir, celle-là. Elle est plutôt bonne dans son genre.
– Ouais, non, je la connais pas vraiment. Mais lâche l'affaire, rien d'intéressant.
J'avance sans me retourner. Mais mes oreilles bourdonnent, et mon ventre se tord de douleur. Ca me fait tellement mal de l'entendre parler de moi ainsi.
Et il est déjà passé à autre chose lui, alors? Pas très étonnant en fin de compte. Je me suis imaginé mes petits films toute seule, pensant qu'on avait quelque chose de particulier tous les deux, malgré la situation. Rien du tout en fin de compte.
Un instant, j'aurais préféré ne pas les avoir entendus. Mais c'est mieux ainsi. Ca va sûrement m'aider à tourner la page plus rapidement, non? Et je me répète alors ce que je me suis répétée en boucle ces deux derniers jours: c'est terminé.
Le lendemain midi, je profite d'une courte pause avant mon prochain cours pour grignoter un sandwich, assise à une table sale de la minuscule cafétéria de la fac, quand je reçois un texto de... de Kyle? Encore? Déjà la veille, malgré ses propos blessants devant la fac, il m'en a envoyé un. Juste avant que je parte pour la crêperie, il m'a demandé si je travaillais. Et je ne lui ai pas répondu. Je regarde la petite icône en forme d'enveloppe plusieurs fois avant de me décider à l'ouvrir: "On peut se voir ce soir?"
J'en reste bouche bée. Est-ce que je dois lui répondre? Cette fois, je n'arrive pas à me restreindre, et me décide à écrire: "Tu sais bien que non".
Je reçois après quelques minutes d'attente: "Juste pour ce soir. Sans réfléchir, comme lundi ;)".
Non mais sérieusement, me proposer ça maintenant, il se moque de moi. "Non, je peux pas. Ne m'envoie plus de message stp".
Je reçois illico: "Si, tu peux, il suffit d'arrêter de te prendre la tête".
Il se fiche de moi. Après ses propos devant la fac, ce n'est pas possible autrement. Je vais le faire réfléchir un peu... Alors j'écris: "Je peux vraiment pas, je sors avec quelqu'un d'autre".

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Dans tes Rêves
RomanceAlice est en deuxième année à l'université, à Paris. Entre la fac, le travail, et sa passion, elle n'a ni le temps, ni l'envie de se laisser aller aux plaisirs de la vie étudiante. Elle a un rêve à accomplir et elle s'en donne les moyens. Pourtant...