En ce début de semaine, la routine reprend son cours. J'ai atteint mes limites niveau fatigue et saturation des soirées. En fait, je ne suis pas ressortie depuis jeudi dernier et mon dérapage avec Kyle dans les toilettes de la péniche. Il a tenté de me joindre tandis que je m'éloignais de lui en sprintant jusqu'à chez moi. Puis encore plusieurs fois durant le week-end. Mais j'ai fait mon choix.
Je viens de terminer mon dernier cours, et lorsque je sors du bâtiment de l'université, il fait déjà nuit. Je sors mon portable: deux appels manqués d'Axel. Je soupire à l'idée de devoir le rappeler. Parce que depuis que Kyle m'a quittée, j'évite au maximum mon meilleur ami. Je sais qu'il ne cautionne absolument pas ma façon de gérer la situation. Je le vois tout de même de temps en temps, notamment lorsque nous allons travailler à la bibliothèque, mais dès qu'il essaie de me parler de sujets trop sérieux, je le rembarre un peu trop méchamment. Je déteste ça, mais je ne peux pas m'en empêcher. Et malgré tout, il est toujours là. Ou du moins il essaie.
Prenant la direction de mon appartement, je décide finalement de passer chez l'épicier juste en face de la fac. C'est un autre avantage que j'apprécie à Paris. A toute heure, en tout lieu, on peut trouver une petite échoppe ouverte pour nous dépanner, par exemple, lorsque l'on a soudainement envie d'un énorme bol de céréales. Avec la série et mon lit douillet qui m'attendent chez moi, c'est le combo parfait pour une soirée cocooning réconfort.
Je rentre dans le magasin à peine plus grand que mon studio, bredouille un "bonjour" au vendeur derrière le comptoir qui ne daigne pas lever les yeux de son téléphone, avant de me diriger directement vers le rayon qui m'intéresse, zieutant les différentes boîtes de carton aux couleurs vives. En pleine hésitation entre des petits carrés fourrés au chocolat ou des boules au miel, je sursaute, poussant un hoquet de surprise lorsque j'entends tout près de mon oreille :
— Hey babe.
Babe... Kyle ne m'appelle plus comme ça depuis notre rupture. Je pivote d'un coup et me cogne à son torse, puis bouscule les étalages à présent derrière moi, manquant de faire basculer les piles d'emballages.
— Qu'est-ce que tu fais là ? le questionné-je sévèrement.
— Je t'ai vue sortir de la fac. Je voulais te parler.
Il m'observe, un sourire aux lèvres, certainement satisfait de m'avoir prise au dépourvu, et finit par briser le silence en me lâchant de but en blanc :
— Tu me manques Alice.
Ebranlée par cette soudaine marque d'affection trop tendre pour le Kyle de ces derniers temps, je préfère m'esquiver, reprenant ma contemplation des boîtes de céréales.
— Moi non, je m'entends répondre.
C'est faux, et cruel. Mais je lui en veux bien trop pour lui avouer que c'est réciproque. Et puis qui me dit qu'il ne va pas profiter de cette faille pour m'écorcher encore un peu plus ? Je l'entends soupirer derrière moi, et puis il me demande :
— C'est qui Valentin ?
Mon coeur s'emballe brusquement.
— Personne, rétorqué-je sur la défensive, inexorablement tournée vers les étalages.
— Moi je sais. Le gars qui t'a bousillée, là, il paraît que tu le revois.
Je virevolte de nouveau vers lui, le toisant, abasourdie par son affirmation presque brutale. Son visage balayé par l'éclairage criard des néons juste au dessus de nous paraît blafard. Je me rends compte de son état pitoyable. Considérant ses yeux rouges et vitreux, il a l'air d'avoir bu. A moins qu'il ait pleuré... Il ne porte qu'un tee-shirt malgré le froid hivernal, ce qui ne semble pas le gêner.
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Dans tes Rêves
RomanceAlice est en deuxième année à l'université, à Paris. Entre la fac, le travail, et sa passion, elle n'a ni le temps, ni l'envie de se laisser aller aux plaisirs de la vie étudiante. Elle a un rêve à accomplir et elle s'en donne les moyens. Pourtant...