• chapitre douze •

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Installée sur la chaise face au bureau, la jeune femme avait le regard perdu. Depuis son arrivée il y a bientôt quinze minutes, elle n'avait pas ouvert une seule fois la bouche hormis pour dire bonjour. Depuis quelques jours, depuis qu'elle avait revu Matt, elle était redevenue l'Ava d'il y a deux mois lorsqu'elle revenait tout juste de rentrer chez elle.


« A quoi penses-tu ?

Je n'aurais jamais dû m'engager.

Pourquoi ?

Ça m'a totalement détruite, répondit-elle dans un murmure. Plus jamais, je retrouverais ma vie d'autrefois. Plus jamais, je ne pourrais passer une nuit complète sans me réveiller en sursaut, sans avoir l'impression d'y être à nouveau. Je ne peux même plus me balader dans la rue sans y penser. C'est comme si ça me suivait, me traquait. Etre sur le terrain était effrayant, mais le retour à la vie civile l'est bien plus.

Il y a quelque temps, tu m'as pourtant dit que tu ne regrettais pas de t'être engagée.

Je ne pensais pas que toutes ces merdes me suivraient autant de temps.

Qu'est-ce qui t'a poussé à quitter l'armée ?

Vous savez pourquoi. Tout le monde le sait.

Je veux te l'entendre dire.

Le temps est écoulé.


Elle se leva brusquement et attrapa sa veste sur la chaise avant de quitter la pièce en marmonnant un « à la semaine prochaine ». Même avec toute la bonne volonté qu'elle avait, elle n'y arrivait pas. C'était bien plus fort qu'elle. Elle ne contrôlait plus rien.

Lorsqu'elle sortit du cabinet, elle regarda l'heure sur sa montre. Ça ne faisait que vingt minutes qu'elle était arrivée. L'heure n'était pas terminée, mais elle ne pouvait pas rester face à cette femme. Elle avait l'impression qu'elle pouvait lire en elle avec la plus grande facilité du monde. C'était déconcertant.

Mais le pire n'était pas là. Depuis cette fameuse journée où sa voiture l'avait planté, tout partait à nouveau en vrille. Alors qu'Ava pensait avoir repris un minimum le contrôle de sa vie, tout s'écroulait à nouveau. Sauver cet homme dans la supérette lors de ses heures supplémentaires l'avait ramené quelques mois plus tôt lorsqu'elle essayait de le ramener à la vie. Et tomber sur Matt le soir-même n'avait rien arrangé. Elle était reprise dans ce cercle vicieux, celui dont elle peinait à s'en sortir.

Elle avait entendu une citation dans une série qu'elle n'arrêtait pas de regarder étant plus jeune. « A mon avis, les tragédies ça fait partie de la vie. On ne va pas baisser les bras parce qu'on est malheureux. Je me suis rendu compte d'une chose : quand on vous brise le cœur, il faut se battre de toutes ses forces et s'accrocher à la vie, parce qu'elle continue quoiqu'il arrive et cette douleur qui vous déchire fait partie de la vie aussi tout comme la peur et le mal-être. Toutes ces sensations sont là pour nous rappeler que les choses s'arrangeront, que ça vaut le coup de continuer à se battre. »

BATTLEFIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant