Le lendemain, la matinée fut courte, j'avais peu d'heures de cours. C'était l'après-midi que je redoutais, les deux dernières heures étaient consacrées à l'histoire du cinéma et même si j'avais fièrement annoncé que le boyscout serait invisible à mes yeux, je savais que je n'allais pas totalement pouvoir l'oublier.
J'avais pris mon temps pour arriver devant l'amphithéâtre et je m'étais arrêtée devant ses portes, manquant de courage. Je ne voulais pas affronter de nouveau ce regard si glacial, je préférais encore la colère, la peur, voire même la gentillesse, mais pas ça. J'expirai un bon coup puis ouvris les portes battantes, malgré mon intention de l'éviter, mes yeux furent instantanément attirés par la chevelure blonde en contrebas. Au moment où la porte se referma il tourna la tête et je fus décontenancée par son regard, il n'y avait plus aucune froideur seulement des regrets. Je détournai la tête et partis m'asseoir la plus stoïque possible, je ne devais pas montrer que ce qui s'était passé samedi m'avait affectée. En prenant mes affaires, je sentais toujours son regard sur moi et ce n'est que quand le professeur entra dans la salle qu'il le détourna. Je m'autorisai alors à le regarder à nouveau, les souvenirs de la soirée me revinrent avec force, je le revoyais m'insultant, stoppant mon poing avec une telle facilité... J'enrageais intérieurement, je m'étais sentie tellement humiliée et encore plus parce que c'était le boyscout. Il se retourna à nouveau et je fis semblant de ne pas l'avoir remarqué pour me concentrer sur le cours.
Les deux heures suivantes me parurent interminables, je faisais mon possible pour rester concentrée sur ce que M. Cohen nous inculquait, et malgré toute la passion qu'il y mettait, je ne pus me focaliser que sur les regards insistants du blondinet d'en bas.
À la fin du cours je partis très vite, je sentais qu'il allait venir me parler et je n'en avais pas envie, mais à peine j'avais franchi la porte vitrée de l'université que je l'entendis.
- Hannah ! Attends s'il te plait.
Je ne me retournai pas, encore plus agacée qu'il persiste à m'appeler ainsi. Je sentis alors sa main m'agripper le bras, je fis volte-face et me retournai violemment.
- Qu'est-ce que tu me veux ? Demandai-je en colère.
Il recula un peu, mais resta bien devant moi.
- Je voulais m'excuser, pour samedi, c'était indélicat de ma part de te dire ça. C'était complètement gratuit et bête, me répondit-il sincère.
- Effectivement, ça te résume bien, mais qu'est-ce que j'en ai à foutre de tes excuses ? Lâchai-je mauvaise.
Il ne dit rien, brusqué par mon agressivité.
- Maintenant, fous moi la paix, et ne m'adresse plus la parole, repris-je décidée à ce qu'il me laisse tranquille.
Je fis demi-tour et partis en direction de mon boulot.
- La politesse voudrait que tu acceptes les excuses et non pas que tu envoies tout le monde se faire foutre, répliqua-t-il agacé. Je sais que j'ai foiré, cela ne me ressemble pas, mais je suis sincère quand je te demande pardon.
Je sentis mon corps se tendre, j'avais envie de le démolir. Je fis demi-tour et lui répondis.
- Et moi je suis sincère quand je te dis d'aller te faire foutre, et j'ai le droit de ne pas vouloir de tes excuses, tu as voulu jouer au con, tu assumes maintenant. Et pour ta gouverne, la politesse voudrait également que tu ne traites pas une femme de fille facile, lâchai-je acide.
Il me regarda embêté, apparemment j'avais dû marquer des points.
- Tu as raison, tu ne me dois rien. Mais j'aimerais bien que tu les acceptes...
VOUS LISEZ
Une Saison Suffit - 1. La cage | Terminé
RomanceAprès plusieurs années chaotiques Hannah rentre enfin à l'université, sans grand espoir que cela puisse changer sa vie. Alors qu'elle partage son temps entre les cours, le travail et les soirées alcoolisées, un changement dont elle ne s'attendait pa...