56. Matthieu

94 14 0
                                    

Le lendemain, j'eus moins le stress de la rencontre avec Hannah, nous n'avions aucun cours en commun et je savais que j'avais peu de chance de la croiser. C'est alors que l'anxiété laissa peu à peu place à la tristesse, elle me manquait, j'avais tellement envie de la voir, juste pour lui parler, de mon quotidien, de mon projet pour les cours, avoir son avis, en fait même la voir m'aurait suffi, l'observer pendant des heures. Cela me replongea une année auparavant, quand nous étions des inconnus l'un pour l'autre. J'adorais l'apercevoir dans les couloirs, me placer dans le bon angle pour pouvoir la regarder pendant que j'étais dans mon cercle d'amis. Tous les jours, je la voyais, cette fille qui me semblait impossible à atteindre, très souvent seule, dans son monde. Petit à petit, je l'avais vu s'ouvrir grâce à Pauline, je la voyais souvent forcer Hannah à traîner avec elle et ses amies. Cela paraissait si facile de l'aborder à travers les yeux de Pauline. Mais mes minces tentatives avaient été un échec, tellement que je me résignai à juste la regarder et quand par chance les jours où nous n'avions pas cours je la croisais en ville, cela remplissait de joie toute ma journée. Je souris en me remémorant tout ça au volant de ma voiture. Et nous voilà maintenant, je n'aurais jamais cru pouvoir être proche d'elle à ce point, nous nous étions confiés sur tellement de choses, j'avais appris à la connaître et j'en étais tombé encore plus amoureux. J'aimais tout chez elle, même dans ses moments de grande fragilité qu'elle faisait passer pour de la force en étant violente, j'avais tellement envie de la protéger, d'être toujours là pour elle. Et de l'embrasser, encore et encore, à chaque fois que nos bouches avaient été en contact je sentais comme un coup d'électricité parcourir mon cœur, comme si chacun de ses baisers était capable de me faire revenir à la vie. C'est un peu ce qu'elle avait fait en m'acceptant dans la sienne, je me sentais plus vivant que jamais, elle me faisait devenir moi-même et j'assumais de plus en plus l'homme que j'étais. Je ne voulais pas perdre tout ça, mais je ne devais pas non plus trop la précipiter, elle réfléchissait encore ce qui était une bonne chose, enfin, je l'espérais.

Mon téléphone se mit à sonner ce qui me chassa de mes pensées et j'activai le haut-parleur.

— Oui ?

— Salut Matt, ça va ?

C'était Thomas, j'étais content de voir qu'il m'appelait encore même si c'était tendu avec Hannah.

— Très bien et toi ?

Ouais tranquille, dis, je me demandais si tu ne voulais pas venir ce soir, la soirée débute dans une heure.

Je souris, j'étais sincèrement heureux qu'il me le propose, mais je ne devais pas y aller, Hannah serait mal à l'aise.

— C'est gentil, mais j'ai déjà quelque chose de prévu.

— Ah oui ? Tu comptes faire quoi ?

— Je dois aller chez des potes pour les cours.

— Ah ok.

Je le sentis déçu.

— Bon, on se voit une prochaine fois alors ?

— Oui pas de soucis Thomas, à la prochaine.

Et je raccrochai. Cela avait été dur de lui refuser, mais il ne fallait pas que je m'écoute, il fallait que je résiste et de plus, planter les gars alors que l'on devait travailler n'aurait pas été bien.

Je trouvai très facilement où habitait Xavier grâce au GPS et je me garai un peu plus loin pour éviter toute discussion sur ma voiture puis partis sonner à l'interphone. Il m'ouvrit sans que j'eus le temps de parler. Il n'y avait pas d'ascenseur, je pris donc l'escalier jusqu'au troisième étage. Avant même que je puisse toquer, il ouvrit la porte sans me saluer.

Une Saison Suffit - 1. La cage | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant