15. Hannah

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Quand mon réveil sonna le lendemain matin, j'avais l'esprit tout embrumé, malgré la reprise de contrôle de mon corps j'avais soigneusement évité d'être trop proche de Matthieu pour éviter que cela ne se reproduise. Et ce fut ces pensées qui m'accaparèrent durant tout le chemin qui m'amena en cours d'Histoire du cinéma. Je m'installai devant, par la volonté du professeur, et fus de nouveau étonnée de ne pas voir Matthieu déjà arrivé. J'avais l'impression que depuis qu'il était à l'université sa ponctualité était en déclin.

Je me mis alors à regarder M. Cohen, qui était en train de lire une revue en face de moi, attendant qu'il soit l'heure de faire cours. Je me demandai quel âge il pouvait avoir, ce qui était sûr c'est qu'il ne dépassait pas la trentaine. Il avait les cheveux noirs qui lui tombaient sur les épaules et une barbe naissante, je me surpris à me dire qu'il était très séduisant. C'est à ce moment-là qu'il leva ses yeux noirs vers moi et qu'il me sourit avec bienveillance, je sentis mes joues s'empourprer et, après lui avoir rendu son sourire, je détournai aussitôt les yeux gênée. Je l'entendis alors se lever et, après avoir interpellé les élèves, il commença son cours. Je regardai la place vide à côté de moi, Matthieu n'était pas venu, ce qui me sembla une bonne chose.

Le cours continua ainsi pendant dix bonnes minutes jusqu'à ce que nous entendîmes la porte de l'amphithéâtre se fermer lourdement. Je me retournai curieuse et aperçus Matthieu essoufflé, se dépêchant de gagner sa place. Mais à peine avait-il fait quelques pas que M. Cohen l'interpella.

— Les lendemains de soirée sont durs n'est-ce pas ? Le taquina-t-il.

Matthieu s'arrêta en plein milieu des escaliers, gêné.

— Désolé Monsieur, s'excusa-t-il légèrement rougissant.

— Venez vous asseoir et dépêchez-vous, sourit-il amusé.

Matthieu hocha la tête et se dépêcha de s'asseoir près de moi en sortant ses affaires. Le professeur reprit alors son cours.

— Je crois bien que c'est la première fois que je te vois arriver en retard, le taquinai-je à voix basse.

Il sourit amusé.

— J'avais oublié de mettre mon réveil, ça a été la course, soupira-t-il épuisé.

Cela m'amusa de voir monsieur parfait commettre des erreurs comme un simple mortel.

— Je suis étonnée de voir que le boyscout a des failles comme tout le monde, rigolai-je.

Il me sourit à son tour amusé, mais il ne dit rien et se concentra sur le cours, je fis de même. Ce n'est que quelques minutes plus tard qu'il reprit la parole.

— J'ai dû mal à comprendre de quoi il parle au juste, je peux regarder tes notes s'il te plait ?

J'acquiesçai sans discuter et il tendit le bras pour prendre ma feuille, mais au moment où sa peau entra en contact avec la mienne la sensation d'hier revint aussitôt. Un nœud se forma dans mon estomac et mon cœur bondit légèrement, sans faire exprès je retirai un peu trop brusquement mon bras. Il me regarda étonné, mais ne dit rien, continuant de regarder ma feuille puis il me la rendit.

— Merci, me sourit-il reconnaissant, avant de retourner au cours.

J'essayai de rester la plus stoïque possible, mais mon cerveau refusait d'arrêter de créer tout ce capharnaüm dans ma tête. Je me sentais comme assourdie.

Je n'arrivai pas à suivre la suite du cours, toutes ces sensations s'étaient peu à peu transformées en malaise, je n'aimais pas du tout ce qui était en train de se passer. Quand M. Cohen nous salua, je me sentis soulagée que cette heure se finisse et je décidai de partir rapidement.

Une Saison Suffit - 1. La cage | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant