31. Hannah

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Nous finîmes notre travail moins d'une heure plus tard, avec un professionnalisme qui frôlait le malaise. Matthieu m'avait à peine regardé, gardant ses distances avec moi, ce qui confirma ce dont je me doutais depuis longtemps, un homme comme lui ne sera jamais attiré par une femme comme moi.

— Une bonne chose de faite ! Me sourit-il gentiment en rangeant le devoir dans son sac.

Je lui souris poliment, mais le cœur n'y était pas.

— Je pense que je vais rentrer maintenant, il se fait tard, annonça-t-il en regardant son portable.

— D'accord, répondis-je en m'écartant sans oser le regarder.

Je l'entendis mettre sa veste et enfiler son sac en bandoulière. Quand il passa devant moi, je le suivis pour fermer la porte derrière lui.

— On se voit demain de toute façon ? Demanda-t-il en dépassant l'encadrure.

— Je ne sais pas encore si je vais venir, annonçai-je pour lui signaler mon mécontentement de cette fin de soirée.

Un court silence se fit.

— Hannah, reprit-il plus doucement, j'aimerais bien que tu viennes.

Je daignai alors tourner mon regard vers lui, il m'avait l'air sincère dans sa demande.

— Je vais y réfléchir, répondis-je toujours agacée, à demain Matthieu.

Je ne lui laissai pas le temps de réagir et je fermai la porte sur lui, désireuse de rejoindre mon lit. En entrant dans ma chambre, je m'écroulai sur celui-ci, repensant à tout ce qui s'était passé, je n'avais toujours aucun regret, bien au contraire, m'avouer enfin l'attirance physique que j'avais pour lui avait décuplé cette envie.

Je me levai difficilement pour enfiler mon pyjama puis me pelotonnai sous la couette, cette histoire occupant toujours mes pensées. Pouvais-je continuer de lui parler alors que je ressentais cet attrait pour lui ? Ou alors fallait-il que je tente de le séduire pour l'assouvir ? Finalement, le sommeil me gagna avant que je puisse avoir la réponse à ces questions.

**

J'étais dans la chambre d'Alex, tout était exactement comme dans mes souvenirs, le lit défait, le bureau en bordel, des posters posés sur un vieux papier peint jaune et une sensation d'être chez moi. Je regardai autour de moi, j'étais seule, je me levai alors du lit et regardai les photos accrochées au-dessus de son bureau. Je souris en nous apercevant, à travers ces photos, je voyais nos sept années d'amitié défiler. Je fus interrompue dans cette contemplation par la porte qui s'ouvrit à côté de moi, Alex venait d'entrer.

— Tiens, tu regardes nos photos toi maintenant ? Demanda-t-il amusé.

Je ne répondis pas, étonnée de le voir apparaître devant moi, mais surtout heureuse de le revoir.

— Je t'ai pris un soda, m'indiqua-t-il en me tendant la canette. Ma mère fait des crêpes en bas, je lui ai dit qu'on avait passé l'âge, mais tu la connais.

Je souris, j'aimais bien les crêpes.

— Alors qu'est-ce que tu veux faire ? Demanda-t-il en s'asseyant lourdement sur son lit.

Je le suivis et m'assis à côté de lui, mon dos appuyé contre le mur.

— Rien de spécial, répondis-je en ouvrant la canette et en buvant une gorgée, je veux juste rester ici jusqu'à la fin de ma vie, finis-je en posant ma tête sur son épaule.

— Toi tu as passé une mauvaise journée, remarqua-t-il inquiet, raconte.

— Je n'ai pas envie, répondis-je tristement.

— Comme tu veux, comprit-il en buvant une nouvelle gorgée.

Nous restâmes silencieux un moment, je regardai alors dehors, il faisait beau.

— Tu en as envie ? Me demanda-t-il soudain.

Je haussai les épaules, je ne savais pas trop. Il posa alors sa boisson sur sa table de chevet et se retourna vers moi.

— Tu veux que je te donne envie ? Demanda-t-il aguicheur en glissant sa main dans mon pantalon.

Je sentis ses doigts, qui me connaissaient par cœur, me caresser lentement et mon excitation monta d'un cran.

— Dis donc tu es très réactive, me murmura-t-il.

— C'est que tu m'as manquée.

— Mais je ne suis jamais parti, continua-t-il dans un murmure.

Il descendit alors du lit et abaissa mon pantalon et ma culotte. Doucement, il fit glisser ses mains le long de mes cuisses et écarta mes jambes. Je le regardai pleine d'envie, je savais ce qu'il comptait faire, il me sourit et mit sa tête entre mes cuisses. Je ne pus réprimander un gémissement, cela m'avait tellement manqué. Je mis ma main dans ses cheveux pour m'accrocher à lui, c'était si bon. Quand il releva la tête, ce n'était plus lui, mais Matthieu. Cela me surprit dans un premier temps, mais mon excitation s'intensifia. Il s'avança vers moi et m'embrassa à pleine bouche, nous n'étions plus dans la chambre d'Alex, mais dans la mienne. J'étais nue à présent et lui aussi, il se saisit de mes poignées et se frotta contre moi, mon corps tout entier se contractant sous le sien. C'était si bon. Il m'embrassa plus vigoureusement et me pénétra, je criais de plaisir, tout était plus intense que je ne l'avais jamais ressenti.

— Hannah..., murmura-t-il dans mon oreille, Hannah, je...

Je me réveillai alors en sueur, mon entrejambe humide. Je regardai autour de moi et compris que tout ça n'avait été qu'un rêve, une nouvelle fois la frustration me gagna. Je fermai les yeux, essayant de me remémorer de chaque sensation que m'avaient procurée ce rêve et fis glisser ma main, déterminée à le terminer.

**

Le réveil fut difficile, mes songes n'avaient tourné qu'autour d'un seul sujet et l'agacement était toujours bien présent. Je décidai de me lever, espérant trouver quelqu'un dans l'appartement qui me ferait penser à autre chose. Mon vœu fut exaucé quand j'aperçus Pauline et Thomas discutant amoureusement à la table de la salle à manger, apparemment il venait de finir de déjeuner.

— Bonjour ! S'exclama joyeusement Pauline.

Je les saluai tous les deux et m'assis à côté de Pauline, désespérée.

— Ça n'a pas l'air d'aller, remarqua Thomas.

— Il s'est passé quelque chose hier soir ? S'enquit Pauline.

Je poussai un long soupir de mécontentement, je ne pouvais pas leur raconter ce qui s'était passé.

— Non, j'ai juste passé une sale nuit, mentis-je qu'à moitié.

— Tu devrais te reposer cet après-midi alors, sinon tu risques d'être fatiguée ce soir, me conseilla Thomas enthousiaste, me rappelant au passage que j'avais l'opportunité de voir Matthieu ce soir.

— C'est vrai qu'on va au Rick's ce soir, me plaignis-je en mettant la tête dans les bras.

— Tu n'as plus envie de venir ? Demanda Pauline inquiète.

Je ne répondis pas tout de suite, réfléchissant rapidement à comment je pourrais tirer parti de cette soirée. Puis des images de mes rêves me revinrent en mémoire et je sentis quelques tiraillements entre mes cuisses, ce qui m'aida à prendre ma décision.

— Si, je vais venir, me décidai-je en relevant la tête, on n'a pas tout à fait fini ce que l'on faisait hier.

Une Saison Suffit - 1. La cage | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant