Une Saison Suffit - 1. La cage | Terminé

36. Matthieu

Je l'écoutai attentivement, elle me raconta alors qu'ils s'étaient rencontrés au collège, qu'ils avaient vécu des choses qui les avaient rapprochés et qu'ils étaient devenus inséparables, évoluant l'un avec l'autre. Son sourire était devenu tendre quand elle me parlait de lui, je réalisai à quel point il comptait pour elle et une pointe de jalousie fit surface.

— Puis un jour, nous parlions de sexe, nous demandant à quoi cela pouvait bien ressembler de le faire. C'est alors qu'il me proposa qu'on fasse notre première fois ensemble, que plutôt de la donner à des personnes que l'on risque de ne plus jamais revoir, en faire un moment inoubliable.

Son sourire s'élargit légèrement à ce souvenir et je ne pus m'empêcher de ressentir une pointe au cœur. Que ressentait-elle pour lui ?

— Pour être honnête, je n'avais jamais envisagé de coucher avec une personne sans être avec et encore moins avec Alex, il avait toujours été un ami, rien de plus à mes yeux.

Elle se tut quelques secondes, plongée dans ses pensées.

— D'ailleurs, il n'a jamais été rien d'autre, précisa-t-elle, mais je devais avouer qu'il n'avait pas eu tort, faire ma première fois avec lui m'a permis de ne pas la regretter, conclut-elle en me souriant.

— Et par la suite ? Demandai-je en espérant qu'il n'y en ait pas une.

Elle me regarda étonnée.

— Nous avons évidemment continué, pourquoi se priver de ce nouvel avantage que m'offrait son amitié, me sourit-elle amusée.

C'était bien ce que je craignais, elle avait régulièrement couché avec son meilleur ami, cela s'apparentait presque à une relation. Pendant tout ce temps, j'avais été jaloux de Josh sans savoir qu'elle avait connu une relation plus forte avec un autre homme.

— Cela a duré longtemps ? Pourquoi vous ne vous voyez plus ?

Au risque de paraître trop curieux, je devais savoir où en était leur relation. Son sourire s'effaça et elle détourna son regard vers sa bouteille.

— Cela a duré à peu près un an et demi, puis il a trouvé une copine et il avait dû mal finalement à repasser en mode simple ami. En tout cas, je l'ai ressenti, et j'ai préféré lui rendre sa liberté.

J'avais dû mal à digérer l'information, elle avait été aussi intime avec le même homme pendant plus d'un et demi, je n'arrivais pas à concevoir qu'il n'y ait jamais rien eu de plus entre eux.

— Mais, durant tout ce temps, vos sentiments n'ont jamais évolué ?

Son visage se fit plus sévère, et je compris aisément que la question ne lui plaisait pas.

— Pourquoi faut-il toujours qu'on en vienne à ressentir quelque chose ? À croire qu'il n'y a que cette finalité-là, mais c'est tellement surfait l'amour. Personne ne s'aime réellement, l'amour n'est qu'une illusion.

— Tu le penses vraiment ? Demandai-je plutôt étonné par la dureté de ses dires.

Elle finit sa gorgée puis me répondit.

— Bien sûr, l'amour est un sentiment purement égoïste. Les gens aiment seulement parce qu'ils ont peur d'être seuls ou pour l'image que l'autre reflète d'eux-mêmes. Mais dès qu'ils ont trouvé plus intéressant, ils te laissent tomber, parce que ce sentiment n'est pas sain. C'est d'ailleurs pour cela qu'il fait autant souffrir et qu'il ne m'intéresse pas.

J'avais du mal à accepter ce qu'Hannah me disait, parce que sinon cela voudrait dire qu'entre elle et moi c'était peine perdue et cela je ne pouvais l'accepter.