34. Hannah

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Je fus plutôt soulagée de ne pas croiser Pauline le lendemain matin avant de me rendre en cours, je n'avais toujours pas digéré ses réflexions de la veille et au vu du regard que je m'étais pris hier soir, quand j'avais voulu me prendre quelque chose à manger, je savais qu'elle aussi n'avait pas envie de me parler.

La journée se déroula un peu sans envie, je subissais les cours, les gens, mon corps, en fait c'était ma vie entière que je ne supportais pas aujourd'hui, et même l'Histoire du cinéma ne me redonna pas le sourire. En entrant dans l'amphithéâtre, je ne vis pas Matthieu, je commençais à ne plus m'en étonner et partis m'asseoir à ma place habituelle. À peine avais-je sorti un stylo que je le vis passer la porte, un sourire bienveillant accroché à son visage. Je lui rendis un rapide sourire et lui laissai la place libre à côté de moi en retirant mon sac.

— Plus qu'une semaine et tu seras débarrassé de ma présence à tes côtés, rit-il en s'asseyant.

Je fus un peu surprise par sa remarque, je ne l'avais pas invité à s'installer près de moi par obligation.

— En fait, j'avais complètement oublié cette histoire de binôme, avouai-je un sourire amusé.

— Et ça ne te dérange pas que je m'assoie près de toi ? Demanda-t-il surpris.

— Plus vraiment, j'ai fini par m'y habituer, ris-je faiblement.

Il fronça les sourcils, inquiet.

— Alors qu'est-ce qui ne va pas ?

— Comment ça ? Demandai-je étonnée.

— J'ai l'impression que quelque chose te tracasse, c'est encore à propos d'hier ?

Je fus assez surprise qu'il remarque ce genre de choses, cela me toucha un peu. Je secouai alors la tête pour lui signifier que ce n'était pas ça.

— Je me suis pris la tête avec Pauline hier, répondis-je simplement.

— Et pourquoi ça ? Demanda-t-il réellement étonné.

Je haussai les épaules, je ne pouvais pas lui expliquer la raison de notre dispute.

— Disons qu'elle se permet d'avancer des théories qui ont le chic de me faire enrager.

Il fronça les sourcils, cherchant à deviner ce que cela pouvait être, mais voyant que je n'en dirai pas plus, il n'insista pas.

— Connaissant Pauline elle ne devait pas chercher à mal.

— Je sais, soupirai-je, mais elle m'énerve quand elle part dans ce genre de délire, parfois elle peut être blessante sans s'en rendre compte.

— Alors, dis-lui que ça t'a blessée.

— Je ne peux pas, commençai-je à m'agacer, il faudrait lui dire des choses que je ne veux pas qu'elle sache.

Je regardai ma feuille de cours, un peu épuisée par cette situation, je sentis alors une main consolante dans mon dos. Je me tournai vers Matthieu, étonnée par son geste, il ne me regardait pas, mais continuait son geste.

— Explique lui ça aussi, Pauline est une personne très compréhensive, et c'est ton amie, finit-il avec un grand sourire en me regardant.

Je lui souris en retour, pour une fois j'appréciais la chaleur qui émanait de sa main, cela calma un peu mon énervement.

Le professeur arriva en même temps, et il la retira délicatement. Je ne pus m'empêcher de l'observer quelques secondes, cela me frustra de me dire que je ne pourrai jamais goûter à ses caresses.

**

Les jours passèrent et se ressemblèrent tristement, une part de moi devait lutter avec l'envie de faire des avances à Matthieu et l'autre devait gérer la tension entre Pauline et moi. Aucune de nous n'avait envie de faire le premier pas, pensant sûrement que l'une avait plus raison que l'autre.

Une Saison Suffit - 1. La cage | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant