20. Matthieu

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Je restai un moment contre sa porte, n'arrivant pas à comprendre ce qu'il s'était passé, je venais de foutre en l'air des semaines d'approche, si seulement elle n'était pas aussi compliquée. Je me remémorai notre baiser, cela avait été si bon, sentir sa langue accepter la mienne, ses mains sur ma peau... Mon cœur se serra de bonheur en éprouvant encore toutes ces sensations. Je soupirai en me grattant la tête, à quoi bon rêver à tout cela, elle ne voudra sûrement plus me voir après ce baiser. Cela me fit mal de me l'avouer, je n'avais pas envie de ne plus la revoir, je désirais tellement plus.

Je décidai de partir, à contrecœur, je n'avais pas envie d'aller saluer les autres, et pris ma veste au passage. Plus mes pas m'éloignaient d'elle et plus mon cœur se compressait, cette douleur était insupportable. Une fois arrivé dans ma voiture, je ne pus me résoudre à démarrer tout de suite, je m'accoudai à la porte, regardant les lumières du dehors et réfléchissant à comment réparer mon erreur, à court d'idées je mis en route le moteur et démarrai, agacé par la situation. Je fis défiler les chansons de ma playlist et m'arrêtai sur Nights In White Satin des Moody Blues, cela reflétait exactement mon état d'esprit, un amour qui ne se fera sûrement jamais.

**

En arrivant devant chez mon père, je mis quelques secondes avant de me décider à monter, mon cœur refusant toujours ce qui venait de se passer, avec l'envie folle d'y retourner et de lui expliquer la véritable signification de ce baiser, mais je me ravisai très vite, je pourrais tout perdre.

Je montai enfin, rejoindre mon père qui ne travaillait pas ce soir, et en ouvrant la porte je le vis occupé en train de lire un livre dans le salon. À peine avais-je franchi le seuil qu'il leva sa tête, étonné.

— Déjà rentré ?

Je haussai les épaules tout en m'affalant sur le canapé.

— J'ai dû écourter la soirée, avouai-je le cœur lourd.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda-t-il en fermant son livre.

Je soupirai fatigué puis lui racontai.

— On s'est disputé, et j'ai insisté, même si je sais, tu m'avais dit d'arrêter ce jeu avec elle, mais je n'avais tellement pas envie qu'elle arrête de me parler, avouai-je tristement. Maintenant, la question ne se pose même plus, elle ne voudra plus jamais que je l'approche.

Mon père me regarda sévèrement.

— Qu'est-ce que tu as fait ?

Je rougis en repensant à notre baiser.

— Je l'ai embrassée, avouai-je désolé.

Mon père me regarda avec de grands yeux.

— Elle n'a pas eu l'air d'apprécier, remarqua-t-il.

— Pas vraiment, elle m'a demandé de partir immédiatement, elle avait l'air réellement en colère.

Mon père soupira.

— Tu n'aurais pas dû...

— Je sais, le coupai-je, ce n'était pas prémédité, elle était là à parler et à parler, et je voulais qu'elle se taise, c'est là que sans m'en rendre compte...

Je ne finis pas ma phrase, il connaissait la suite.

— Tu peux essayer de réparer les choses, en lui expliquant ton geste.

Je pouffai.

— J'ai déjà essayé, mais à chaque fois que je tente quoi que ce soit avec elle j'ai l'impression de faire pire. Je n'arrive pas à comprendre comment la gérer.

Une Saison Suffit - 1. La cage | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant