30. Hannah

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Finalement, la semaine se passa sans accroc, j'avais passé pratiquement tout mon temps libre avec Matthieu et je devais bien avouer que sa présence m'était plus agréable. Je réalisais que nous partagions beaucoup plus de choses que je ne le pensais et même dans nos désaccords je prenais du plaisir à discuter avec lui. Par contre, un sentiment indéfinissable ne me quittait pas, celui présent depuis maintenant une semaine, et plus j'essayais de l'étouffer, plus fort il me parvenait.

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Les deux couples venaient de partir de l'appartement et leurs bonheurs à l'idée de se faire une soirée tous les quatre me dépassaient, c'était typiquement le genre de concept qui m'exaspérait. Je partis dans la salle à manger pour y déposer nos recherches sur la table ainsi qu'une bouteille de vin blanc accompagnée de deux verres, autant lier l'utile à l'agréable. Je fus interrompue dans mes préparatifs par mon téléphone qui se mit à sonner et je décrochai le sourire aux lèvres.

Une demi-heure plus tard, on sonna à la porte et je partis ouvrir, découvrant un Matthieu décontracté en jean et en T-shirt noir, ce qui était assez inhabituel pour que je le souligne. Ses cheveux blonds étaient également différents, il les avait négligemment tirés en arrière ce qui le rendait très attirant. Je sentis des papillons envahirent mon estomac, mes yeux ne pouvant se détacher de lui sans réussir à parler.

— Je peux rentrer ? Me demanda-t-il toujours sur le palier, se demandant pourquoi je ne le laissais pas passer.

— Euh, oui pardon, vas-y entre, répondis-je bégayante en m'écartant.

Il me sourit gentiment et se dirigea vers le salon pendant que mes yeux s'attardèrent sur ses fesses. Je me repris aussitôt réalisant ce que j'étais en train de faire, j'avais envie de me mettre des claques.

— Ho, je vois que tu as déjà tout préparé, remarqua-t-il en enlevant sa veste pour la déposer sur un dossier de chaise, même des verres ? Demanda-t-il amusé.

— Je me suis dit qu'on pourrait rendre ce devoir plus agréable, répondis-je désinvolte pour cacher mon émoi. J'ai aussi mis le menu pour les pizzas, on peut commander tout de suite si tu veux.

— Ça tombe bien, je meurs de faim ! S'exclama-t-il en prenant le papier.

Il l'examina pendant quelques minutes durant lesquelles je ne pus m'empêcher de l'observer, mon cerveau qui faisait office de barrière depuis plusieurs jours était complètement étouffé par le vacarme qui agitait mon corps. Je réalisai ce qu'il voulait me dire depuis tout ce temps, je ne pouvais plus le taire.

— Je pense que je vais prendre une Nordique, se décida-t-il en se tournant vers moi.

Une image de moi l'embrassant se faufila dans mon cerveau, je pus deviner ses mains sur moi, sa peau contre la mienne... Je me ressaisis aussitôt, il ne fallait pas que je me laisse aller à ce genre de pensées.

— Très bien, je vais appeler la pizzeria alors, répondis-je en lui arrachant presque le prospectus des mains.

Je pris pour moi une pizza chèvre miel et une fois la commande passée, je nous servis en vin blanc.

— En attendant, on commence ? Proposai-je plutôt agitée.

Je le vis me jeter un regard interrogateur, mais il ne dit rien et s'installa à table sortant ses feuilles ainsi que des stylos.

— Tu veux que ce soit toi ou moi qui écris, me demanda-t-il voyant que je ne m'asseyais pas.

Je bus mon verre d'une traite et me décidai enfin à m'approcher de lui.

— Je pense que nous devrions chacun écrire notre partie, pour donner l'impression d'un débat, comme ça le professeur visualisera encore mieux l'opinion de chacun.

Une Saison Suffit - 1. La cage | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant