Matthieu n'avait pas quitté mes pensées durant tout le week-end, l'avoir vu, avec elle. Je sentis encore les larmes remplir mes yeux et je pris une nouvelle gorgée de whisky, que j'avais masqué en ajoutant un peu de soda. Je n'en pouvais plus de ressentir toute cette haine et cette tristesse. Je lui en voulais de m'avoir fait l'apprécier, tout ça était de sa faute, je ne voulais plus jamais le revoir. Je ne m'étais pas encore décidée si j'allais à mes dernières heures de cours, mais en même temps lui non plus ne voulait plus me parler, alors je ne risquerai rien d'y aller. Je bus de nouveau une gorgée, j'avais envie de mourir, je détestais ressentir toutes ces émotions. Je regardai les gens qui avaient l'air heureux devant moi, j'avais envie de leur cracher dessus, pourquoi ça ne pouvait pas m'arriver ? Je sentis une larme couler sur ma joue, j'étais pathétique.
— Bonjour Hannah.
Mon cœur fit un bond quand je reconnus sa voix. Je levai la tête vers lui et cela confirma mes doutes, il était bien en face de moi. Je restai quelques secondes bloquée puis je remarquai que j'avais encore une larme qui coulait sur ma joue. Je me repris en l'essuyant et me levai.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Demandai-je acide.
— Comme toi, je profite du beau temps, essaya-t-il de sourire, tout va bien ? Demanda-t-il en regardant la joue sur laquelle la larme avait coulé.
— En quoi ça t'intéresse ? Je croyais que tu ne voulais plus me parler.
— Hannah...
— Et tu avais raison Matthieu, repris-je sans le laisser finir sa phrase et en ramassant mon sac, je crois que nous n'avons plus rien à nous dire.
Je voulus partir, mais il m'attrapa le bras pour me retenir, sentir sa main sur ma peau me fut douloureux et sans que je m'en rende compte, la mienne finit sur son visage. Je venais de le gifler et je fus tout aussi étonnée que lui, mais je ne me démontai pas.
— Ne me touche pas, tu as perdu ce droit samedi, maintenant fous moi la paix, ne m'adresse plus jamais la parole, n'essaye même pas. Parce que je te jure que...
J'étais devenue hystérique, je ne me contrôlais plus.
— Je te jure que je t'arracherai les yeux, crachai-je pleine de haine.
Puis je partis, le laissant seul avec sa joue douloureuse. Je ne pouvais pas aller en cours, les larmes coulaient de plus en plus, pourquoi cela faisait-il si mal ?
**
Une fois chez moi j'appelai le travail pour lui dire que j'étais malade, je ne pouvais pas sortir dans cet état, je pensais que dimanche aurait suffi, mais le voir a tout réenclenché. Je me posai un instant au bout de mon lit et soufflai. Je repensai à lui, tout à l'heure, il était venu me parler, je pensais qu'il n'en avait plus envie et pourtant.... soudain je le revis avec cette connasse. Je me pris la tête dans les mains. Mais à quoi il jouait ? Je me levai et pris ma bouteille, je voulais l'oublier. Je m'assis par terre et bus à en crever.
**
J'étais entourée d'un flot de musique, Led Zeppelin jouait à fond dans ma chambre, ma tête tournait, mais j'étais enfin bien, je ne savais pas l'heure qu'il était, mais je m'en foutais, enfin bien. J'entendis alors qu'on tambourinait à ma porte, il était encore trop tôt pour que ce soit Pauline et j'ouvris étonnée. C'était bien elle.
— Tu peux baisser le son s'il te plait ? On ne s'entend plus ! Se plaignit-elle énervée.
— Mais qu'est-ce que tu fais déjà là ?
— Il est plus de 19 h, et d'ailleurs tu n'es pas censée être au travail ?
— Je suis malade.
— Mais... tu es bourrée ? Remarqua-t-elle incrédule.
— Non malade, rigolai-je.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? S'inquiéta-t-elle. Tu as été en cours au moins ?
— Oui, ce matin.
Elle soupira.
— Je peux ? Me demanda-t-elle en pointant du doigt ma chambre.
— Je ne sais pas, m'amusai-je.
Je la vis esquisser un sourire et rentrer.
— Tu es quand même plus agréable quand tu as bu.
Elle s'assit au bout de mon lit.
— Alors, pourquoi n'es-tu pas allé en cours cet après-midi ?
— J'étais malade, je te jure.
— C'était pour éviter Matthieu c'est ça ? Et si tu as bu, c'est à cause de lui ?
— Mais non ! Qu'est-ce que j'en ai à foutre de ce gars, qu'il crève ça me fera une belle jambe ! M'emportai-je plus sérieusement.
Elle me regarda un instant plus sévèrement.
— Tu penses vraiment ce que tu dis ?
— Oui, chaque mot.
Nous nous fixâmes un moment, voyant que je ne lâcherai pas elle soupira puis se leva.
— Très bien, mais n'oublie pas, c'est toi qui as commencé.
Elle me dépassa pour sortir de la chambre, je me retournai furieuse et la suivis dans le couloir.
— En quoi j'ai commencé bordel de merde ! Je n'ai rien fait ! Je n'ai fait qu'embrasser Alex et si c'était à refaire j'irais jusqu'au bout ! Je n'appartiens à personne, t'as compris ? À personne !
Elle se retourna elle aussi furieuse.
— Ho, arrête tes conneries ! Tu savais pertinemment que ça le blesserait et c'est même pour ça que tu ne lui as rien dit.
— Je ne lui ai rien dit parce que ça ne le regarde pas !
— Mais bien sûr, fais croire ça à d'autres.
Mon poing atterrit dans le mur à côté de moi, elle sursauta et je sentis le sang couler le long de mes doigts.
— La ferme, dis-je calmement, ne te mêle pas de cette histoire, ma vie ne te regarde pas.
— Hannah, ta main.
— Je ne sens rien.
Mais les plaies de vendredi soir s'étaient ouvertes.
— C'est parce que tu as bu, conclut-elle simplement.
Elle essaya de s'approcher de moi, mais je fis un pas en arrière.
— Pourquoi ? Demanda-t-elle. Pourquoi ne t'avoues-tu pas que tu l'aimes ?
— Je t'ai dit de la fermer, la menaçai-je clairement.
— Je n'ai pas peur de toi, tape autant de fois que tu veux sur les murs, je sais que tu ne me feras rien. Alors, réponds à ma question. Pourquoi tu n'arrives pas à te mettre dans le crâne que tu l'aimes ?
— Mais ferme-la ! Hurlai-je.
Les larmes se remettaient à couler.
— Mais regarde dans quel état tu te mets pour lui. S'il te voyait, il n'y croirait même pas.
— Si je me mets dans cet état, c'est à cause de toi !
Je partis chercher mon manteau et claquai la porte d'entrée sans laisser le tempsà Pauline de me suivre. Je ne savais pas où aller, je n'avais personne. Je partis vers le parking et montai dans ma voiture. Je coupai la musique et restai là, à décuver, ma main commençait à me faire souffrir, dans quel état j'étais. Pauline avait raison, je me mettais dans tous mes états pour lui et je détestais ça. Je me demandai alors ce qu'il pouvait faire maintenant, sa présence me manquait.
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Une Saison Suffit - 1. La cage | Terminé
RomanceAprès plusieurs années chaotiques Hannah rentre enfin à l'université, sans grand espoir que cela puisse changer sa vie. Alors qu'elle partage son temps entre les cours, le travail et les soirées alcoolisées, un changement dont elle ne s'attendait pa...