Chapitre 4 - 3

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Au fond, la manière d'agir de Marshall, décontractée, n'est pas aussi agréable que l'on pourrait l'imaginer. J'ai l'impression d'être sur le point d'être dévoré, tout en n'étant pas sûr de l'être.

« J'ai trois questions à te poser, à toi de décider si tu veux les développer ou non. D'abord, en quoi devenir acteur X changerait ta vie ?

— Je déménagerai, tout d'abord. Ensuite, ça voudrait dire que j'ai fait un choix définitif. Et j'imagine que la vie sexuelle change. Peut-être que vous voulez que je développe...

— Arrête de me vouvoyer, s'il te plaît. Deux mots sur la vie sexuelle, je te prie.

— La plupart du temps, j'ai eu des rapports sexuels en couple, avec des sentiments. Je vais apprendre à séparer le sexe de tout ça.

— Je comprends mieux. Ensuite, pourquoi ton fils ne devrait pas faire de porno ? »

Je suis surpris par la grande décontraction avec laquelle Marshall m'interroge. C'est sidérant.

« S'il veut gagner de l'argent. C'est une mauvaise raison.

— Jolie esquive. Mais intéressant. Si demain tu devenais égérie de X Anges, accepterais-tu de rendre ton image publique ?

— Oui.

— Pourquoi ?

— Parce que j'ai envie de faire du porno. Je le veux sincèrement.

— Quitte à être reconnu par ta famille, des amis...

— Ceux à qui je tiens savent. Je n'ai pas de soucis ».

Marshall affiche un léger rictus. J'ai l'impression que je suis à côté de la plaque.

« Tu es fidèle à ton dossier, Jérémy. Direct, concis, tout aussi agréable à regarder. Difficile de te faire parler néanmoins.

— C'est la première fois que je fais ça, tu sais.

— Que tu passes un entretien ?

— Quasiment. Mais pour devenir acteur X, oui ».

Moi qui souhaitais éviter de parler de ma vie professionnelle, je sens bien que je me suis posé un piège tout seul.

« Tu es donc le débutant parfait. Je vois. Je vais le noter. C'est important ».

Marshall ne me regarde pas et remplit une case de quelques lignes. Il lève la tête une fois vers moi, sourit franchement, et coche une case.

« J'ai rarement conduit des entretiens comme ceux-là. D'habitude le stress pétrifie les candidats ou bien ce sont des moulins à parole. Toi tu me sembles tendu mais tout à fait maître de tes réponses.

— Si ce n'est que t'avoir en recruteur me perturbe encore plus.

— Il y a une raison à ça ? dit-il en s'avançant sur le bureau.

— J'ai beaucoup fantasmé sur toi. Et j'adore te voir jouer.

— Alors, ça, c'est cadeau. Si jamais nous ne tournions pas ensemble ».

Il m'attrape par le col de ma chemise et m'embrasse magistralement.

Vie et mort d'un acteur (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant