Chapitre 12 - 1

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Je prends la porte le plus rapidement que je le peux. Mais hélas, je l'entends claquer deux fois. Quelqu'un est donc à quelques pas, derrière moi. Je m'arrête. Je regarde juste le soleil qui est en face de moi. Je n'entends pas de voix, pas de son, pas de bruits qui pourraient m'indiquer que la personne se déplace.

Peut-être mon arrêt soudain est-il une surprise. Je ne bouge que très lentement, comme si je voulais tromper mon prédateur. Celui qui est juste derrière moi, qui n'a pas l'audace de venir me parler. C'est un comble, tout de même. Je me remets donc en mouvement. Et là, tout se précipite.

Des pas rapides et une main me saisit le bras. Je m'arrête sans me retourner.

« Lâchez-moi. Immédiatement.

— Jérémy, s'il te plaît ».

C'est donc Marshall qui assure le service après-vente, heureux de l'apprendre. Je ne me retourne toujours pas et reste silencieux.

« Que s'est-il passé pour que tu réagisses ainsi ? Tu as un problème ? Tu peux m'en parler, je t'assure ».

Je fais volteface et me retrouve à quelques centimètres de lui.

« J'ai un problème ? Tu oses me demander si j'ai un problème ? Moi ? C'est vous tous qui en avez un !

— Calme-toi, s'il te plaît, explique-moi. Maël a fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Tu n'avais pas inscrit de limites sur ta fiche...

— Ce n'est pas une question de limite, mais de décence, de respect ! lui hurlai-je. Vous ne m'avez pas laissé le choix. J'ai été mis dans une salle d'attente comme toutes les autres fois et c'est ainsi que j'ai fait ma première scène ! »

Marshall lâche mon bras, enfin. Il se tait et me regarde, un peu penaud. Du moins dans un premier temps.

« Tu savais pourquoi tu venais, non ? Tu as passé les murs de ce studio, n'est-ce pas ? Tu ne vas pas me faire le coup du consentement ?

— Je ne vous ai pas accusé de viol ou quoi que ce soit d'autre. Je vous accuse de ne pas m'avoir respecté en tant que candidat. D'avoir usé de la fourberie pour obtenir cette première scène.

— Quand Maël a commencé à t'embrasser, tu as bien dû imaginer que la scène commençait.

— J'ai connu d'autres personnes qui l'ont fait sans qu'une scène ne suive ».

Marshall allait répondre mais ma phrase est un coup qu'il encaisse plus difficilement que les autres. Je ne suis pas ici pour être baladé par un acteur. Je le serai déjà assez par le reste de l'équipe du studio.

« Et je ne le regrette pas ».

Vie et mort d'un acteur (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant