Je me réveille dans un état que je n'apprécie pas. Je n'ai pas de gueule de bois. Impossible, je n'ai pas bu une goutte d'alcool. Pourtant, je sens mon esprit aussi embrumé qu'un lendemain de nuit déchaînée. Je ne suis pas dans mon lit, mais bien dans celui ... de Marshall. Et tout recommence.
Je n'ai pas le temps de penser que Maël – Maël ?! ici ?! – entre dans la chambre et m'apporte un plateau. J'ai l'impression de rêver, de revivre des épisodes que je connais déjà. Je suis décidément dans un sale état.
« Comment te sens-tu ce matin ?
— Complètement comateux. C'est l'enfer ».
Maël se mord la lèvre. Il paraît embêté. Marshall rentre en suivant. Mais rien dans son regard ne me laisse penser qu'il est fâché.
« Notre dormeur est réveillé ? Tu te souviens de...
— Il est très fatigué, le coupe Maël. Peut-être que c'est ce qu'a donné le médecin...
— Quel médecin ? De quoi parlez-vous ? les interrogeai-je.
— Il nous avait prévenus que tu ne te souviendrais pas forcément de tout cela. Du moins au premier abord ».
Je remarque, alors que les doigts de Maël quittent le plateau, que sa main gauche est bandée. Il le voit et tente maladroitement de la dissimuler. Avant que je ne puisse demander, il prend la parole :
« Hier soir, je t'ai empêché de te battre. Et c'est moi qui ai frappé le mec qui t'a insulté.
— Je suis navré que tu aies été pris à parti, Jérémy. Tu aurais dû être avec nous. Il ne t'aurait pas cherché des noises si on avait été tous les trois.
— Etant donné que tu étais dans un état second, on a craint que tu aies été drogué par un des dingues qui traînaient là-bas. C'est pour ça qu'un médecin est venu, t'a ausculté et t'a donné un petit calmant. Tu étais déboussolé ».
Et tout me revient. Par chance, je ne me sens pas choqué. Je ne suis pas traumatisé. Je pourrais pourtant. Ils n'en savent visiblement rien.
« Parce qu'un connard a essayé de me sucer ».
Inutile de préciser que je n'avais en rien consenti cette tentative pour que Maël – et non Marshall, qui s'écroule quant à lui sur le bord du lit – se mette à hurler :
« Putain, j'aurais dû le démolir au lieu de simplement lui péter le nez et quelques dents ! »
Je rigole à l'idée que Romain ait désormais du mal à prodiguer toute fellation, à cause de la douleur. Même si les dents manquantes peuvent éventuellement l'aider à être meilleur. Je souris pour éviter de rigoler dans les circonstances actuelles. Peut-être prends-je tout cela avec trop de légèreté. Heureusement, et personne ne le sait, ma psychiatre sera là pour m'aider.
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Vie et mort d'un acteur (B&B)
General FictionJérémy a pris une lourde décision qui ne manque pas de faire réagir son entourage : il veut devenir acteur. Non seulement il sait qu'il trébuchera de nombreuses fois, mais il doit composer avec ses proches qui tentent au mieux de l'en dissuader au p...