Chapitre 21 - 1

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Il me tourne aussitôt le dos et avance rapidement vers le couloir qui mène à l'ensemble des chambres et, même s'il sait très bien que ce n'était que de l'humour, il ferme violemment la chambre de notre ironique colocataire. La main sur la poignée, ses yeux sont plantés au plus profond des miens.

Je crois, non je suis sûr désormais, que nous devons avoir la conversation qui me hante depuis quelques temps désormais. Je dois savoir. Même si je n'en ai pas envie. Mais Marshall fuit. Marshall s'en va. Il retrouve sa chambre qui a été la mienne. Il s'en va pour se souvenir de ces moments-là.

Je n'ai pas envie de lui faire de mal. Je ne veux pas qu'il m'en veuille, je ne veux pas qu'il se sente mal. J'ai l'impression que tout cela n'est qu'une insoluble équation dans laquelle je ne suis même pas une variable. Comme si tout était écrit, comme si tout était impossible. Mais lui ne le sait pas.

Planté devant sa porte fermée, je ressens toute la violence, toute la tension, toute la tristesse du monde.

« Je peux entrer, Marshall ? S'il te plaît ».

Rien. Pas un son. Pas une seule syllabe ne parvient à mes oreilles. Je frappe avec davantage d'insistance, même si j'ai conscience qu'il ne s'agit pas de la meilleure des solutions.

« Marshall, nous devons discuter. Juste parler ».

Le silence morbide est là, lui. Il répond à mes questions, de la pire des manières.

« Malcom ? » tentai-je.

Toujours rien. Je tente d'ouvrir la porte et ... découvre qu'elle n'était pas verrouillée. Marshall me regarde avec dédain, son casque sur les oreilles, déjà branché. Ses yeux ne sont plus en colère. Il n'y a plus la même étincelle mortifère en leur cœur. Pourtant, je sens une tension terrible parcourir mon corps.

Il n'enlève pas son casque. Il ne débranche pas la prise. Il reprend son activité, sur son portable. Je n'existe pas à cet instant. Ni pour lui ni pour personne.

« Je veux te parler, Marshall ».

D'un œil distrait, il me fait comprendre que ma présence le dérange. Maintenant ou tout le temps. Je m'assois sur le lit et ne bouge plus. J'attends que la distraction s'épuise pour revenir au cœur de son attention. C'est important d'être au cœur.

« Ferme la porte ».

Marshall n'a rien changé de son comportement. Mais il a parlé. Alors j'exécute. Juste cette fois. Parce que c'est nécessaire. S'il l'a demandé, c'est qu'il sait pourquoi je suis là. Enfin, j'espère.

Vie et mort d'un acteur (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant