J'ouvre les yeux et, malgré tout, le noir persiste. Je pose mes mains sur le matelas, sur les oreillers, sur la couverture. Je suis bien sûr seul, mais je suis surtout bien. J'ai envie d'allumer un feu, quelque part. Mais je ne suis pas dans mon petit appartement. Je l'ai bien aimé cet appartement.
Tout le monde s'est moqué de moi, Arnaud le premier. Du moins ceux qui savent que j'ai de l'argent. Beaucoup. Trop, peut-être. Je l'aime mon petit appartement. Il y a du bois, il y a un feu, il y a des fenêtres qui donnent sur des horizons dégagés. Pour le moment, je suis dans un hôtel chaleureux.
Le noir reste la seule couleur qui m'entoure. Je n'ai pas encore trouvé la force de me lever et d'ouvrir les rideaux. Jusqu'à enfin me souvenir que tout est automatisé, même dans ce gîte traditionnel. D'une pression sur un bouton, au hasard, je parviens à faire entrer la lumière dans ma chambre.
La lumière... Voici un bien grand mot quand le ciel est si gris. J'allume mon portable pour avoir un peu de musique. J'ignore les notifications, notamment celles de Twitter. Mon application semble lire dans mon esprit, puisque commence une si belle chanson, à la fois douce et entraînante.
Rallume le feu, réchauffe moi, tant que tu peux
Chante-moi un air
Ta chanson pour les mois d'hiver
Celle qui dans tes yeux, éclaire ton âme comme le feu
Moi j'éteins la lumière
Y'a plus que nous deux sur la terre
Rien ne me fait plus plaisir que d'entendre cette femme. Sa voix m'a toujours entouré, j'oserais dire enlacé. Je me sens emmitouflé quand je l'écoute. Toute sa mélancolie se communique avec une force que je ne pourrais jamais expliquer. C'est splendide.
Bien sûr, l'écouter me rend parfois nostalgique. Non seulement parce que c'est pour cette raison qu'elle chante. Elle nous l'avait dit quand je l'avais vue en concert. C'est aussi parce que ce petit accent québécois me ramène au plus beau voyage de ma vie. Lorsque le Canada m'avait offert ses plus belles et naturelles photographies.
Je me souviens combien j'étais tombé amoureux de ces arbres enneigés, de ces paysages figés, là où plus rien ne vit à part nous. J'avais loué un chalet, hors saison, pour ne pas être dérangé. Mais l'hiver est têtu, là-bas. La température extérieure m'avait transpercé la peau. Mais elle n'avait jamais atteint mon cœur, battant à tout rompre pour tout ce que je voyais.
J'ai rarement été aussi reposé qu'en ces temps-là. Même si j'ai conscience que tout cela n'était qu'une parenthèse. J'ai besoin de chaleur, d'un cocon, et tout cela entouré du monde qui bouge. C'est parce qu'il bouge de plus en plus vite que j'avais besoin de ce petit temps.
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Vie et mort d'un acteur (B&B)
Ficción GeneralJérémy a pris une lourde décision qui ne manque pas de faire réagir son entourage : il veut devenir acteur. Non seulement il sait qu'il trébuchera de nombreuses fois, mais il doit composer avec ses proches qui tentent au mieux de l'en dissuader au p...