Epilogue - Un courrier

319 20 1
                                    

Vivre. A la fois synonyme de l'existence grandissante et du sentiment croissant, la vie est un ensemble d'actions difficiles, de vérités inaudibles, de choix atroces, de réalités inimaginées, d'événements inespérés que nous contrôlons plus ou moins. Vivre sa vie est un choix. Du moins nous le croyons jusqu'à ce jour tonitruant durant lequel nous nous rendons compte que toutes les orientations que nous prenions étaient hautement conditionnées à une vision spécifique de la réalité.

Le passé est alors souvent empli de souvenirs obscurs que nous préférerions oublier. Nous regrettons d'avoir osé tenir des propos durs ou difficiles envers des proches ou ses amis. Nous pensons avec une cruelle déception aux moments auxquels nous avons préféré échapper, alors qu'ils représentaient pour certains une page de leur balbutiante vie. Nous consacrions notre soi-disant précieux temps à des priorités ridicules qui aujourd'hui nous semblent synonymes de lâcheté.

Oui, lâches. C'est ainsi que l'on peut définir ceux qui aiment se complaire dans un confort de cristal. Le soleil et ses éclats ne sont plus que lumière éclairante d'une vie éteinte. Le vent n'est que le désagrément tourmenté d'une existence qui s'oublie dans les affres de l'accélérée carrière qui l'attend. Tout est carrière. Le futur se lit comme tel.

Lâche. J'ai été lâche de préférer lire mon présent au seul filtre de mon action. Heureux, soi-disant, à poursuivre des idéaux sans but, à se réveiller en pensant non pas à soi ou à un autre, mais au projet en suspens ou au dossier difficile en cours. J'ai préféré m'oublier que de faire face. Alors, parfois, lorsque venait la nuit, la funeste vérité apparaissait devant mes yeux embrumés, et je prenais conscience de ma solitude, que j'imaginais éphémère alors que je l'avais moi-même organisée avec précaution, pour que nul ne gêne ma progression ou découvre le feu ardent qui brûle en moi.

Et vint ce jour. Jour qui bouleversa les équilibres pourtant bien fixés que nous avons tant protégés pour s'assurer une tranquillité profonde et, surtout, l'oubli de notre pénible condition. Nous nous ignorions, quand Lui ignorait bien qu'il s'adressait non pas à une confiance affirmée, ô combien travaillée et façonnée, mais bien à une fragilité désarçonnante. Le confort n'est que de cristal. Lorsque le joyau chute, l'homme tombe et se brise. A moins que ses joyaux flamboyants, qui gravitent autour de lui ne viennent une nouvelle fois le sortir des méandres les plus obscurs.

Et vint ce jour. Jour où le cristal éclata. L'homme ne tomba pas. Les équilibres se rompirent, et les joyaux qui accompagnaient sa vie, décontenancés, observaient. Le soleil redevint une étoile. Le vent fut de nouveau le souffle de la vie. L'obscurité de la nuit n'était plus froide, mais le merveilleux prétexte d'observer chaque jour un peu plus l'immensité du ciel et de l'univers.

Après avoir découvert l'immensité des sentiments, je devais bien retrouver celle de notre monde. Parce qu'Il a sauvé une vie sans le savoir, hommage soit rendu à celles et ceux qui, malgré les aventures que je leur fis traverser, ont su rester à mes côtés.

Vie et mort d'un acteur (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant