Dans l'avion, je repense aux mois écoulés. Je pense à toutes ces disputes. Je pense à tous ces moments douloureux. Aux trois discussions salvatrices que Lauren, ma médecin et Marshall avons eues. C'était il y a déjà plus de trois mois. Je n'arrive pas à croire que le temps puisse passer si vite.
Marshall dort à côté de moi, sa tête penchant dangereusement sur mon épaule. Mais il a l'autorisation, donc son inconscient ne viendra pas le sortir de son sommeil. J'espère qu'il ne fera pas trop chaud à Barcelone, je n'ai clairement pas envie de fondre comme neige au soleil, surtout en ce moment.
L'atterrissage en douceur me permet d'oublier mes inquiétudes traditionnelles sur les trajets en avion. Malgré des dizaines de techniques que ma psychiatre et moi avons envisagées, cette anxiété reste très présente. Pour le reste, je la vois un peu moins. Il faut dire que tout se déroule bien.
Je ne sais pas si la thérapie fonctionne, mais elle est satisfaite. Nous avons quitté la fréquence hebdomadaire pour progressivement tendre vers deux à trois rendez-vous par mois. Quand je repense aux rendez-vous en urgence que nous avons souvent dû mener, je trouve que je ne m'en sors pas trop mal.
Selon elle, je suis dans la troisième phase de la thérapie. Mais je ne sais pas combien de phases sont prévues... Difficile dans ces circonstances de savoir si je progresse ou si je stagne. L'essentiel est sans doute que je me sente mieux et qu'elle ne trouve rien à redire à cela. Dieu sait combien elle me le dirait sinon.
Je me dois de réveiller Marshall qui râle gentiment. Il n'y a pas de décalage horaire et pourtant il a ronflé pendant tout le vol. Je sais que la nuit fut courte en partie à cause de moi, mais tout de même. Il se débarrasse de la veste qu'il portait à cause de la climatisation et prend nos deux bagages.
Quant à moi, je le suis paisiblement, libéré de tout poids à porter. A peine ai-je salué l'équipe de bord que le soleil, aussitôt, me transperce. Mes yeux sont complètement brûlés par la lumière. Mais je descends. J'avance. Avec cet astre qui n'aspire qu'à anéantir mes rétines. Je vais vers lui.
Loin, aussi loin que tu sois
Et plus loin si je dois,
J'irai vers ta lumièreLoin, aussi loin que je peux
Et plus loin si tu veux
Par-delà les frontièresJe n'ai pas choisi
C'est ni le besoin ni l'envie
J'ai cette force au fond de moi
Qui me porte vers toi
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Vie et mort d'un acteur (B&B)
Fiksi UmumJérémy a pris une lourde décision qui ne manque pas de faire réagir son entourage : il veut devenir acteur. Non seulement il sait qu'il trébuchera de nombreuses fois, mais il doit composer avec ses proches qui tentent au mieux de l'en dissuader au p...