Chapitre 11 - 3

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Le hasard nous a mené à conclure ensemble. Un éclat de rire et un baiser volé ont scellé le tournage. Encore une fois, des coups contre la porte, et le défilé commence. La responsable croisée il y a quelques jours en tête. Suivie de son équipe, de Marshall mais aussi d'un homme que je ne connaissais pas, le metteur en scène me souffle Maël, encore nu.

Des serviettes me sont tendues et les douches me sont indiquées. Le débriefing se fera juste après. Je pense que je suis resté environ une minute dans le lieu dédié. Je ne veux pas patienter davantage. Je veux parler à Maël. Qui est désormais seul dans la fameuse salle, remise en ordre.

« Je t'en prie, suis-moi, nous nous retrouvons dans leur bureau, m'indique-t-il dans un grand sourire.

— C'était bien ? lâchai-je sans réfléchir. Non. Oublie. Ce n'est pas une question à poser. C'est pathétique.

— J'ai beaucoup aimé, pour être honnête. Voilà bien longtemps que je ne sais plus ce qui est bien ou pas ».

Ces deux phrases m'ont rendu silencieux. Il y a de quoi méditer dans une telle remarque. Encore une fois, impossible de poursuivre mon idée, nous pénétrons dans le bureau.

« Comment vous sentez-vous, cher Jérémy ? me demande la responsable.

— Un peu décontenancé. Je ne m'attendais pas à ça.

— L'effet de surprise sans doute. Avez-vous des questions ?

— Où étaient les caméras ?

— Intégrées dans les murs et les différents coins de la pièce. Nous avons ainsi 14 angles de vue pour faire le montage.

— Vous ne prévenez jamais les candidats ? »

Je la vois marquer un silence. Marshall reprend donc la main :

« La pratique est plutôt répandue, chez nous mais aussi dans d'autres boîtes. C'est notre façon de tirer le naturel des candidats.

— Vous n'avez jamais de refus ou de rejets ?

— Auquel cas nous changeons de salle pour passer à la vraie scène. Mais dans ces cas-là, le manque d'adaptation est plutôt pénalisant.

— De ce point de vue, vous avez été parfait, Jérémy ».

Elle a donc retrouvé la voix. Maël acquiesce à ce moment-là. Je ne dis plus rien et attends que les différentes remarques soient assénées. Mais rien ne vient. Simplement le metteur en scène qui regarde les prises. Maël qui sourit alternativement à Marshall ou bien à moi. Après une scène prise par surprise, je m'attendais à autre chose.

« Le temps de monter la scène, de nous réunir tous les cinq à partir de cette proposition, de vous l'envoyer pour que vous nous fassiez vos retours, je pense que vous aurez une réponse définitive d'ici 72 heures.

— C'est rapide ! m'exclamai-je.

— En présence de caméras fixes, le montage ne porte que sur le choix de l'angle. Restez connecté à vos courriels, Jérémy ».

Je hoche la tête poliment et pars, puisque c'est ce que l'on attend de moi. Perturbé.

Vie et mort d'un acteur (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant