Vie et mort d'un acteur (B&B)

Chapitre 11 - 2

Je n'ai pas le temps de davantage penser au sujet que quelques coups se font entendre contre la porte de la fameuse salle blanche. C'est assez inhabituel, alors je ne réponds rien. Elle s'ouvre et laisse apparaître un homme blond qui m'est familier. Maël.

« Tu dois être Jérémy ? Salut ! Bienvenu ! »

Il me tend sa main avec une certaine assurance. Je lui réponds en tentant de ne pas vaciller. C'était sans compter la poigne du jeune homme qui en profite pour m'attirer contre lui et déposer, même furtivement, ses lèvres sur les miennes. Il s'assoit sur la chaise adjacente à la mienne et m'invite à revenir à ma place initiale.

« C'est un moment spécial, une vidéo d'introduction. Un premier tournage. Mais tout va bien se passer. Je serai là. De fait. ».

Il rigole à sa blague et serre fortement mon avant-bras. C'est plutôt agréable d'être ainsi pris en main, si j'ose dire. Il me questionne sur ma vie, sur mes souhaits dans ce studio, sur ma carrière passée – et je reste plutôt discret sur le sujet – puis viennent des questions plus sexuelles.

« A quand remonte tes derniers exploits ?

— Sans aller jusque-là, mais mes derniers amusements datent d'avant-hier.

— Tout de même ! Hier, c'était repos alors. Tu as eu raison de te préserver pour aujourd'hui, j'ai envie de profiter de toi au maximum. D'ailleurs, si tu permets... ».

Joignant les actes à la parole, Maël commence à passer sa main sous la chemise que j'avais choisie mais aussi à tirer sur mon pantalon. Je commence à perdre pied, ne comprenant pas vraiment ce qu'il était en train de faire. Jusqu'à ce que tout s'éclaire. La première scène est dédiée à l'introduction du candidat.

Nous sommes en pleine scène. Ils ne m'ont rien dit, pas prévenu, pas préparé. Depuis tout à l'heure, nous jouons. Je n'ai pas eu de contact avec mon partenaire avant la scène. Je n'ai pas été mis en condition par l'équipe. Je n'ai pas revu Marshall ou un quelconque membre de l'équipe.

Je me réjouis de me rendre compte de tout cela avant le moment fatidique. J'aurais été capable de tout mettre en péril par pudeur, par respect ou que sais-je. Maël continue à me poser des questions, mais sa bouche est bien trop proche de ma peau désormais pour que je parvienne non seulement à comprendre distinctement ce qu'il dit mais aussi à me concentrer.

C'est lorsque Maël a terminé de déboutonner ma chemise, lorsqu'il a fait tomber mon pantalon à mes chevilles, lorsqu'il a posé un genou à terre devant moi et que son visage s'est collé à mon bas-ventre que nos regards se sont croisés. J'y ai vu l'étincelle, l'information, le message.

Si je n'avais pas compris il y a quelques minutes, il n'en aurait pas été autrement à cet instant. J'ai aussi compris que je ne serai pas versatile. Maël a d'autres projets. Loin d'être désagréables. Ses mains sur mon torse m'aident à me détendre.

Ses doigts posés sur ma nuque, sa sueur mêlée à la mienne sur nos torses collés, son front posé dans mes cheveux m'ont démontré que je ne m'étais pas trompé sur ses envies.