Vie et mort d'un acteur (B&B)

Chapitre 29 - 2

*** le jour du retour des équipes d'X Anges ***

Dans quelques minutes, il sera là. Quelle terrifiante idée. Je me demande comment lui annoncer la vérité. Comme lui dire que tout n'a été qu'un moyen pour une fin. Sauf lui. Il n'était pas prévu dans notre plan thérapeutique.

Il sait que nous avons à parler dès qu'il rentrera. J'ai gentiment demandé à nos colocataires de ne pas être présent. Alors quand les clefs se font entendre, je sais qu'il est le seul à être derrière la porte.

A peine franchie, Marshall se précipite vers moi et me prend dans ses bras. J'ai l'impression, comme lui, que nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps.

« Dis moi que tu vas rester, que tu vas trouver un autre studio.

— Tout cela n'est pas d'actualité, j'ai encore beaucoup à te dire. Je te dois une explication.

— Nous avons déjà parlé de notre relation, je sais ce qu'il en est.

— En effet, tu as conscience de ce que je suis capable ou non de faire. De donner. Mais au-delà de Marshall, j'aimerai parler à Malcom. A celui qui m'a recruté.

— Euh, d'accord.

— Assieds-toi s'il te plaît ».

Nos deux fauteuils sont face à face. Et moi je dois faire face.

« La principale motivation de ma candidature n'est pas exactement celle que tu crois.

— On ment tous plus ou moins là-dessus.

— Oui, mais je t'ai menti par omission.

— Tu as menti au sujet de ta plateforme ?

— Pas du tout ! Tout ce que je t'ai dit, sur moi, sur ma carrière, tout est vrai. Mais il manque une information.

— Laquelle ?

— Je suis suivi par une psychiatre.

— Ah, d'accord. C'est en lien avec le porno ?

— Tout à fait.

— Euh... »

Marshall semble complètement perdu. Je vois ses yeux se fermer quelque peu, comme s'il était soudainement sur la défensive.

« Je suis suivi pour une addiction à la pornographie. Une addiction telle que je ne ressentais rien, plus aucun plaisir, avec mon compagnon. Ce fut une des raisons de notre séparation.

— Aucun...

— Non, c'est pour cette raison que j'ai aussi eu du mal lors des premières scènes. Ma source de plaisir, le porno, était en réalité en train de se produire sous mes yeux.

— Tu as utilisé le porno comme une arme comme ton addiction ?

— Disons que j'ai traité le mal par le mal.

— Donc quand on couchait ensemble, tu n'avais pas de plaisir... »

Les yeux embrumés, Marshall part dans sa chambre. Encore une fois.